Le professeur de musique réunionnais Yvrin Laude initie ses élèves à l’usage d’un instrument aussi envoûtant que méconnu : la Kora.
Née d’une rencontre il y a 14 ans avec un artiste africain, la curiosité de l’artiste Yvrin Laude pour la Kora s’est transformée en passion.
La Kora est un instrument de musique fabriqué avec une demi-calebasse. La peau de l’outil est généralement en bœuf, et le bois en bois de palissandre. Les cordes, désormais fabriquées avec des filets de pêches étaient originellement confectionnées avec des boyaux d’antilopes.
"Il y a des sonorités extraordinaires. Il y a des vibrations que l’on ressent dans tout le corps quand on joue" indique Annick, élève d’Yvrin depuis six mois.
Cette harpe-luth est encore utilisée au Sénégal, en Guinée, au Mali, en Mauritanie, en Sierra Leone, en Gambie mais son influence dépasse ces frontières. Initialement, la Kora est un emblème de l’Empire Mandingue. Entre le 13ème et le 16ème siècle, cet empire s’étendait sur de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest. L’instrument de musique rappele donc l’Histoire de plusieurs siècles d’une vaste région du globe.
Yvrin Laude a troqué sa casquette d’enseignant au collège contre celle de professeur de Kora.
"La Kora ressemble beaucoup à la harpe classique occidentale. Pour jouer, il suffit d’être un peu patient et de bien connaître les 21 cordes" explique le musicien.
L’homme, qui confectionne lui-même ses Koras, sent que ses outils prennent vie dans ses mains. L’artiste fabrique d’ailleurs ses instruments avec des objets étonnants.
"Pour celui-ci, il s’agit d’un demi-globe terrestre que j’ai décoré et dessiné avec une photo de la savane de l’Ouest" confie t-il.
Cette passion pour ce vibrant appareil prend racine dans une rencontre, quatorze ans plus tôt. Une découverte "en Normandie, avec un africain, un griot en voyage" plaisante le professeur, tout sourire.
Cette rencontre fut déterminante pour l’apprentissage de cet art ancestral.
"Quand il jouait c’était magnifique. À la fin, quand je lui ai dit : c’est pas possible de jouer comme ça, il m’a répondu : toi aussi tu pourras le faire un jour, mais cela prendra du temps. Maintenant, l’instrument me permet de jouer tous les morceaux que j’adore : que ce soient des maîtres africains ou des artistes d’ici. Cet instrument, c’est une manière d’aller vers la joie de vivre, d’aimer et d’être là" livre enfin l’artiste réunionnais.
À chaque fois que les cordes de sa Kora vibrent, sur cet instrument où résonne la musique du monde, Yvrin débute un nouveau voyage.