Ils dénoncent ce qu’ils appellent le cétacé business à La Réunion, et déposent un recours devant le Tribunal Administratif. Les membres de l’Association citoyenne de Saint-Pierre se mobilisent contre le nouvel arrêté préfectoral d’approche des cétacés. Les mots sont forts : les plaignants évoquent "une privatisation marchande et scientifique de l’observation des cétacés", et même un "apartheid" pour l’accès à la nature.
Un arrêté pris le 20 juillet 2020 vient compléter celui de 2019 dans la réglementation de l’observation des cétacés à La Réunion. Ce texte prévoit trois nouvelles restrictions, notamment la présence d’un accompagnateur diplômé pour la pratique de la mise à l’eau ou l’obtention d’un brevet d’Etat.
L’arrêté instaure également une période de quiétude de 18 heures à 9 heures du matin, où toutes les activités d’observation et de mise à l’eau sont interdites, ce qui avait provoqué la colère des pécheurs. Cet arrêté ne se substitue pas à la Charte d’approche des cétacés, mais vient la compléter.
C’est contre ce texte que l’Association citoyenne de Saint-Pierre vient de déposer un recours devant le tribunal administratif de La Réunion. Gaëtan Hoarau, président de l’association, est très remonté. Il nous explique sa démarche, visant ce qu’il appelle "le cétacés business".
"Il faut rappeler qu’on aime les cétacés. Ils étaient déjà protégés par une charte et un arrêté de 2019 qui avait été pris avec une concertation publique. Cet arrêté 2020 présente un grave danger pour nous : il privatise l’accès à l’océan, au milieu naturel, et institutionnalise un apartheid pour l’observation aquatique des cétacés. Désormais, Pour observer un dauphin ou une baleine en plein océan, il faut un brevet d’Etat ou un moniteur de plongée pour vous tenir la main !", dénonce le militant.
"C’est une infantilisation de la population locale et une institutionalisation de la privatisation du milieu naturel à La Réunion. Si ça continue comme cela, bientôt pour aller au Piton des neiges il faudra un guide de haute montagne, pour voir une éruption il faudra un volcanologue ! On est entrain de réserver l’accès au milieu naturel aux plus fortunés qui pourront payer. Nous nous avons le devoir d’alerter la population réunionnaise sur ce problème, et réagir avant qu’il ne soit trop tard", poursuit Gaëtan Hoarau, qui explique que la protection de l’environnement passe avant tout par une sensibilisation, une éducation de la population en la matière. "On ne protègera l’environnement à La Réunion qu’avec une acceptation sociale, une formation, une éducation. C’est ce que nous n’avons cessé de demander depuis deux ans, de participer à la concertation, de proposer des idées. Nous sommes pour la formation au profit de tous. Le milieu naturel ne peut pas être reservé à une minorté au détriment de l’ensemble des Réunionnais".
"Ce recours c’est un signal fort pour dire stop ! On ne peut pas continuer à exclure la majorité de la population du milieu naturel sans aucune concertation publique ! C’est indécent, c’est indigne. On doit défendre nos droits. Le plus beau sera reservé aux plus fortunés, et les plus pauvres devront aller dans les prisons d’animaux, les aquariums, les parcs, etc. Est-ce que c’est ça l’avenir de La Réunion ? Nous disons non !", conclut le militant.