La Réunion connaît son lot d’espèces en voie d’extinction, dont le pétrel de Barau, le pétrel noir de Bourbon et le Tuit-tuit. Ces derniers sont menacés par les activités humaines, mais aussi par un prédateur apprécié par l’homme : les chats. L’artiste défenseur de la nature, Maloyab, veut informer la population sur la menace que représentent les chats pour les espèces endémiques de La Réunion.
Maloyab se présente comme un artiste défenseur de la nature, des valeurs et de la culture réunionnaises. Il utilise la musique, mais aussi les réseaux sociaux comme support pour transmettre ses messages. L’artiste aborde divers problèmes de société à La Réunion. L’un d’entre eux : la nuisance des chats et l’impact qu’ils ont sur la biodiversité de l’île. Selon Maloyab, la problématique des chats est difficile à mettre en lumière. En effet, il s’agit, selon lui, d’un animal domestique très apprécié à La Réunion, comme partout ailleurs.
Maloyab explique avoir été initié très tôt au contact avec la nature, ce qui a développé son intérêt pour celle-ci. Ses observations, ses recherches, mais aussi son partage avec les autres l’ont poussé à s’intéresser de plus près au prédateur. "Le chat peut causer des problèmes qui pourraient avoir des conséquences graves sur le biotope réunionnais demain, voire aussi des risques sanitaires par les parasites -notamment celui de la toxoplasmose- qu’il peut transmettre aux humains", dit-il.
Le chat a, en effet, une part de responsabilité dans la disparition des Tuit-tuit, des pétrels de Barau, mais aussi des Pétrels noirs de Bourbon.
Le parc national de La Réunion s’est également penché sur la problématique des ”chats harets,” des chats qui sont retournés à l‘état sauvage, parfois sur plusieurs générations. À la différence des chats domestiques, ceux-ci vivent en toute autonomie, dans des milieux naturels éloignés de plusieurs kilomètres des zones habitées et se nourrissent en chassant. Malheureusement, ils en viennent à manger les œufs, les oisillons, mais aussi les adultes parmi ces oiseaux endémiques.
Selon Maloyab, pour remédier aux nuisances causées par les chats, il en va notamment de la responsabilité des propriétaires, car les chats domestiques s’en prennent aux oiseaux. Il demande ainsi à plus de responsabilisation chez les propriétaires de chats, mais raconte faire face à beaucoup de désaccords : “lé jan lé parfwa pa près a antann.”
Son aversion envers le petit mammifère remet en cause ses propos auprès de sa communauté. Toutefois, l’artiste tient à préciser : “je ne m’oppose pas à l’existence des chats. Il n’est pas forcément responsable de ses actes. C’est dans sa nature, mais ça a des conséquences.”
Maloyab souligne que le chat est une espèce importée par l’homme sur l’île, contrairement aux espèces endémiques qui n’existent qu’à La Réunion. ”Je ne m’oppose pas non plus au droit des gens d’en avoir pour animal de compagnie, du moment qu’ils s’en occupent et ne les laissent pas vadrouiller. Quand le chat est dehors, il s’en prend aux autres espèces. Il peut également être source de conflit de voisinage”, s’explique Maloyab.
Maloyab admet provoquer la colère des défenseurs des animaux lorsqu’il s’exprime à propos des chats. En effet, l’artiste soutient que la solution est la stérilisation, mais aussi l’euthanasie. “Le problème est devenu trop grave, les chats errants trop nombreux”, ajoute l’artiste. Pour lui, la stérilisation n’est pas suffisante, car les chats stérilisés qui se retrouvent dehors sont encore capables de faire des dégâts irrémédiables. “Si cela devait se faire, ce serait sur une courte période, car l’objectif ne serait pas l’extermination, mais la régulation”, explique-t-il.
Du côté du parc national, des actions de régulation ont été menées afin de remédier à la problématique des chats : campagne de sensibilisation et de stérilisation, capture et stérilisation, euthanasie des chats capturés en dernier recours, mais aussi des pièges létaux en dernier recours.
En dehors du chat, d’autres espèces exotiques importées sur l’île représentent un danger pour les espèces indigènes à La Réunion. Près de 250 espèces animales envahissantes ou potentiellement envahissantes ont déjà été trouvées dans la nature. Afin d’y mettre un terme, un arrêté ministériel du 28 juin 2021 interdit d’importer et de détenir des espèces animales exotiques à La Réunion.
Maloyab accuse les autorités d’avoir été laxistes pendant trop longtemps. "La préfecture prend enfin la bonne décision. Néanmoins, je trouve que c’est un effort insuffisant et qui est fait à moitié, car l’un des animaux exotiques les plus invasif sur l’île est le chat. Pour l’instant la Préfecture n’a pas pris de décision quant à son interdiction, ce qui est vraiment regrettable", fait savoir l’artiste.