Pour aller plus loin sur les conséquences économiques liées à la crise ukrainienne, Julien Baddour, maître de conférences à l’Université de La Réunion, spécialiste de l’énergie et de l’environnement, est l’invité du 12h30 d’Antenne Réunion.
Les premiers effets des sanctions économiques à l’égard de la Russie, commencent à se ressentir. Cette guerre aura-t-elle un impact pour La Réunion ?
Pour le maître de conférences, "contrairement à ce que l’on peut dire, même si La Réunion est très loin de cette crise, elle sera concernée au plus au niveau car elle dépend très fortement de sa nourriture, de son énergie, de la vie économique de l’extérieur. Quand on est un département qui importe entre 80 et 90%, on dépend trop de ce qui se passe à l’extérieur. La moindre rupture, le moindre problème qui pourrait survenir au niveau du transport de fret maritime, ou au niveau de rupture de l’énergie on sera très gravement touché, même si à court terme, il est probable que l’on soit épargné."
"L’humanité n’a jamais connu d’années aussi difficile que ces deux dernières années, affreuses. On n’avait pas besoin de cet événement aussi grave."
Les prix des carburants affichent déjà des niveaux records pour notre île. Même si La Réunion s’approvisionne en pétrole et en gaz à Singapour, nous pourrions être impactés par la guerre en Ukraine.
"L’une des caractéristiques importantes de cette crise, c’est que les acteurs impliqués sont de premier ordre énergétique. La Russie qui est l’une des puissances les plus importantes énergétiquement, qui occupe pratiquement la première ou la deuxième place pour le pétrole que pour le gaz naturel, voire le charbon, mais aussi comme exportateur. De l’autre côté, il y a l’Europe et l’Ukraine derrière elle, c’est le plus grand marché pour le pétrole, le gaz, etc. Aucun pays au monde ne peut remplacer la Russie dans ce qu’elle produit actuellement. Si demain la Russie arrête toutes ses exportations, personne ne peut prédire quel niveau atteindra le prix de l’essence ou du gaz."
"Il y aura un choc au niveau du prix des carburants, mais aussi un choc énorme pour l’environnement. Le Giec vient de sortir son rapport dans lequel il dit que l’Humanité toute entière est menacée par le dérèglement climatique à cause de la combustion des énergies fossiles. Pour que l’Europe puisse remplacer la réduction de ses importations de gaz et de pétrole, ils vont remplacer le gaz par le charbon ou le pétrole, qui sont deux sources extrêmement polluantes."