Julie est une infirmière âgée de 30 ans. Dans son travail, elle est parfois confrontée à des situations particulièrement inconfortables : celui de la mort de ses patients. Si assister au décès de quelqu’un est déjà une épreuve en soi, pour la jeune femme, la peine est doublée, car elle est atteinte de nécrophobie. Elle a accepté d’apporter son témoignage pour LINFO.re.
Qu’il soit humain ou animal, Julie est particulièrement dérangée par la vision d’un corps sans vie. En effet, la jeune femme a la phobie des cadavres. "J’ai une sensation de panique en voyant des animaux morts au bord de la route. C’est vraiment l’absence de vie dans son enveloppe corporelle qui me perturbe", explique-t-elle.
Julie est infirmière. Sur son lieu de travail, elle a déjà assisté à la mort de ses patients et a dû les accompagner jusqu’à la morgue.
"Lors d’un stage durant lequel j’ai assisté à ma première toilette mortuaire, j’étais complètement tétanisée. Sur le moment, j’étais incapable d’exprimer ma difficulté aux collègues. J’étais horrifiée quand j’ai senti le corps encore tiède et sans vie. Le soir même, je suis restée sans expression, pas une larme ni un mot ne sont sortis. Pourtant, le lendemain en me réveillant, j’avais le visage ravagé d’eczéma. Ce que je n’avais pas réussi à exprimer avec des mots, mon corps a fini par le faire surgir", raconte-t-elle.
Depuis cette expérience traumatisante, Julie n’hésite plus à partager ses craintes avec son équipe et à déléguer son travail, quand cela est nécessaire. Sa phobie ne disparait pas pour autant à l’hôpital. "Je garde toujours la peur de tomber sur un patient décédé lorsque je fais seule le tour des chambres", déplore-t-elle.
Julie ne saurait expliquer d’où vient cette phobie. Toutefois, elle sait qu’elle a toujours été présente. "Déjà toute petite, j’avais une aversion quand il fallait accompagner mes parents à la boucherie. Je ne supportais pas de voir des têtes de cochon en vitrine ou de voir un poulet entier à table", dit-elle.
En effet, certaines situations du quotidien peuvent contraindre la jeune femme à faire face à un cadavre, notamment les veillées mortuaires. Julie explique qu’avant cette étape, elle a le temps de se préparer mentalement à affronter sa peur. Et si jamais elle n’y parvient pas, elle s’autorise à ne pas aller voir le corps du défunt. "Les gens comprennent facilement que les cadavres ne me mettent pas à l’aise, mais ils ne comprennent pas toujours que c’est une vraie phobie pour moi."
Laëtitia Bègue