Ce lundi 11 octobre marque la journée internationale des filles, instaurée par l’Organisation des Nations unies en 2011. À cette occasion, l’équipe de LINFO.re s’est entretenue avec l’Union des femmes réunionnaises (UFR). L’association féministe déplore qu’il reste encore beaucoup de travail à faire concernant la situation des filles dans la société réunionnaise.
La journée des filles est soulignée chaque année les 11 octobre. Pour Camille Labasse, membre de l’UFR, la situation des filles dans le monde est loin d’être idéale. "Il reste encore beaucoup de travail à faire. La situation dans le monde est parlante. Une fille sur cinq dans le monde est mariée avant ses 18 ans", explique-t-elle en entrevue avec LINFO.re.
À la Réunion, spécifiquement, le nombre de grossesses précoces est plus élevé chez les filles réunionnaises mineures comparativement à la France hexagonale, regrette Camille Labasse. "Concernant l’inceste, la Réunion est particulièrement touchée. Tout comme pour les violences intrafamiliales qui concernent des enfants, majoritairement des petites filles", regrette-t-elle.
Le harcèlement de rue est également répandu dans l’île. Selon l’enquête Virage Outre-Mer, menée par l’Institut national des études démographiques (INED), le harcèlement de rue, qui comprend notamment les sifflements et les propositions même après un refus, est presque trois fois plus élevé qu’en France métropolitaine. Dans 50% des cas, ce sont des filles mineures qui sont touchées, poursuit Camille Labasse.
Mme Labasse pense que le fait d’avoir une journée consacrée spécifiquement aux filles est une très bonne chose, mais regrette qu’elle n’ait été instaurée qu’en 2011. "C’est trop peu, trop tard", regrette la membre de l’UFR. "Il était temps qu’on prenne en compte les enfants. En ce qui concerne les filles, les stéréotypes de genre ont la vie dure."
À la Réunion, l’insularité exacerbe notamment les non-dits en ce qui concerne les violences sexuelles. "Malgré les beaux discours qui entourent les droits des enfants, en réalité, les enfants ont très peu de droits. Leur parole n’est pas entendue. Ils ne sont pas représentés."
En France, dans les rapports de viols, 40% sont des enfants et "très souvent dans le contexte familial". "Dans le monde, ce chiffre est autour de 50 à 60%. Nous ne sommes pas tant en avance ou meilleurs que dans le reste du monde. Et les filles, concernant ces violences sexuelles, sont encore moins armées que les femmes pour y faire face. Elles ne connaissent pas leurs droits", dit-elle.
Camille Labasse croit que la parole des filles doit se libérer, mais que des moyens suffisants doivent être mis en place, notamment dans des structures d’accueil et dans la prévention. Elle reste néanmoins optimiste pour la suite. "Il faut rester optimiste, sinon, on arrête. C’est un moteur qu’on ne peut pas perdre", conclut-elle.