La cocaïne en circulation à La Réunion. Voilà maintenant trois ans que les autorités observent une nette augmentation. Des saisies et des mules sont régulièrement interceptées à l’aéroport. Et une consommation de la poudre blanche croissante. Plus de 200 personnes prises en charge pour une dépendance sur l’île. Jonathan témoigne, de retour à La Réunion pour s’éloigner de cette drogue qu’il consommait dans l’Hexagone. Son accompagnement médical, une volonté de s’en sortir. Un long chemin vers la guérison qu’il a débuté il y a trois mois.
“Je me suis retrouvé seul chez moi, sur une table, ma bouteille de vodka, mes redbull et mes quelques grammes de cocaïne que j’avais. C’est monté jusqu’à 5 à 10 grammes par soir”, se souvient Jonathan. Il est dépendant à la cocaïne depuis 7 ans. La première fois qu’il y a goûté, c’est en métropole, à Paris. Embauché en tant que cuisinier saisonnier, le rythme est intense et les soirées nombreuses. Pendant l’une d’entre elles, sous les encouragements répétés de ses amis, il cède.“Ils m’ont dit “allez vas-y Jon, une trace pour toi”, je me suis dit “pourquoi pas ?”. J’ai pris la première trace et ça a commencé là”, regrette le Réunionnais.
Entre nuits blanches qui se succèdent et vie professionnelle effrénée, sa consommation est, au départ, ponctuelle et festive, mais progressivement, elle glisse vers un usage individuel et irrépressible. “Jusqu’à, il y a trois ans, où j’ai commencé vraiment à en prendre tous les soirs non-stop”, explique le jeune homme.
Depuis deux mois et demi, Jonathan a commencé un parcours pour soigner son addiction. “Au CHU, la première semaine, c’était un peu dur. J’étais en manque. Que ce soit l’alcool ou la cocaïne, j’étais en manque. Je me suis dit “non, je veux arrêter, je veux partir, dans quoi je me suis lancé ?”. Et maintenant, abstinence totale, j’ai même pu arrêter la cigarette le 31 décembre. J’ai arrêté trois addictions en une seule : alcool, cigarette et cocaïne”, se félicite l’ancien addict.
En parallèle de son sevrage au sein de la clinique Robert Debré, spécialisée dans la prise en charge des personnes dépendantes à des substances psychoactives, Jonathan est aussi accompagné sur le plan psychologique. “Il a pesé très vite le pour parce qu’il savait tous les inconvénients. Il en avait bien conscience. Souvent, c’est mon avis personnel, les personnes sous cocaïne sont déjà étiquetées comme condamnées. La personne freine la coke, le lendemain le dealer dit “qu’est-ce qu’il t’arrive ? C’est pas grave, je t’avance.” Et comme le produit est très addictif, la dépendance est très très forte. Et quand vous le lâchez, ça redescend. La rechute est désagréable”, indique un spécialiste.
Un cercle vicieux qui donne à la cocaïne de l’ampleur. En 2024, environ 200 admissions ont été enregistrées dans les services d’addictologie de La Réunion. Un chiffre en augmentation constante qui se reflète dans le nombre croissant de saisies sur l’île depuis 2020.