De retour à La Réunion pour un spectacle inédit le vendredi 26 octobre à Stella Matutina intitulé "A cinq ans je suis devenue terre-à-terre", la chanteuse, auteure-compositrice-interprète a bien voulu nous accorder une interview.
L’artiste Jeanne Cherhal sera encore concert le 26 et 27 octobre à Stella Matutina.
Vous venez régulièrement à La Réunion, vous vous sentez comme chez vous ?
"Oui je crois pouvoir dire que je m’y sens comme chez moi. Au départ, j’ai connu La Réunion grâce à des attaches amicales. Puis j’y suis revenue régulièrement, notamment pour plonger, pour marcher, et surtout pour y travailler.
C’est une île inspirante, qui me plaît par toutes les émotions qu’elle procure, par la qualité d’accueil des Réunionnais, et par sa beauté. Je ne me lasserai jamais des 400 virages de la route de Cilaos, par exemple ! C’est vertigineux et un peu flippant, mais j’adore les choses qui se méritent !
Le spectacle prévu à Stella Matutina a quoi de particulier ?
Je suis en train d’écrire un petit livre dans lequel je recense les mots de la langue française que je préfère. Pour chacun d’entre eux je donne une définition très personnelle. J’aime ces mots pour leur sonorité, leur fantaisie, et bien sûr pour ce qu’ils m’évoquent de façon intime. J’ai eu envie de lire en public un extrait de ce travail en cours, en faisant résonner certains de ces textes avec mes chansons.
Ce spectacle, que je suis en train de peaufiner ces jours-ci pour le jouer à Stella, sera une sorte de lecture musicale, autour de mon piano. Je compte y inclure une ou deux expressions de créole réunionnais que j’adore, c’est une langue si savoureuse !
Pourquoi avoir choisi ce lieu spécifique, est-ce un lieu symbolique pour vous ?
J’ai eu la chance de visiter le Musée, qui est magnifique, et on m’a proposé d’y chanter. L’auditorium dans lequel je vais jouer me semblait idéal pour ce spectacle, alors j’ai foncé !
Quel est votre plus beau souvenir à La Réunion ?
Mon plus beau souvenir personnel, c’est peut-être les quelques nuits que j’ai passées à Îlet à Cordes, au Tapacala, qui est pour moi la plus belle chambre d’hôtes du monde ! Pour ce qui est de la scène, j’ai adoré chanter à L’Espas de Saint-Paul il y a environ un an. Son directeur, Alain Courbis, est un gentleman, et le public était franchement génial. J’ai aimé aussi les trois Sakifos auxquels j’ai participé, à Saint-Leu, et à Saint-Pierre.
Le lieu que vous préférez ici ?
Je dirais le Tapacala, justement. C’est un coin de paradis.
La chanson écrite à La Réunion que vous préférez ?
Je commence à en avoir beaucoup qui ont pris leur source ici, à l’ombre d’un filao ! Mais je pense à l’une des premières, "La peau sur les os", que j’avais écrite alors que le volcan crachait de la lave. Je n’avais pas pu y aller mais j’avais fantasmé ce spectacle de la nature. La chanson commençait ainsi : « Au pied du volcan, dans mon lit de camp… ». La dernière fois que le Piton de la Fournaise est entré en activité, il y a quelques semaines, j’ai eu la chance d’assister à l’éruption car j’étais à La Réunion ! Je ne m’en suis toujours pas remise !
Quelles différences entre le public réunionnais/ultra-marin et le public métropolitain ?
Alors ça, je ne saurais pas vous dire… Le public réunionnais est ouvert et réactif. Mais je suis incapable de tirer des conclusions, de faire des comparaisons… Tout dépend vraiment de l’instant présent. En tout cas, je suis toujours hyper heureuse de venir chanter chez vous. Une fois je disais aux gens « J’adore venir chez vous, dans le 97 !!! » et tout de suite on m’a reprise : « Le 974 ! Le 974 !!! » Je ne ferai plus jamais la bourde, promis !
Quelle est la "marque de fabrique" Jeanne Cherhal ?
Que dire. C’est vraiment la difficulté de ce métier, ça : répondre à la question « que faites-vous, qui êtes-vous ?… ». Eh bien je dirais que par rapport aux autres, je suis archi nulle pour répondre à ce genre de question. En revanche, parler de moi sur scène et dans mes chansons, ça c’est mon truc ! Sur scène, tout m’est permis !
Parvenez-vous toujours à trouver ou vous adapter à un piano pour les petites scènes ?
Quand j’ai débuté, il m’arrivait de ne pas être gâtée niveau piano. Soit c’était une question de budget, soit le concert était mal préparé… C’est vrai que c’est difficile pour un pianiste, de devoir apprivoiser le jour-même un instrument, et d’en changer tous les soirs… C’est marrant je me faisais justement la réflexion ces jours-ci, parce que je travaille chaque jour à mon studio, à Paris. Je me disais : « Mon piano devient de plus en plus conforme à ce que j’aime »… Comme s’il se faisait à mon jeu ! C’est assez fascinant quand on y pense. Un guitariste, lui, n’a pas ce genre de problème. Il voyage avec son instrument et s’accorde lui-même. Nous, nous sommes en plus dépendants d’un accordeur ! Ça fait beaucoup d’inconnues. Mais petit à petit je suis devenue très exigeante au niveau de l’instrument, car je sais ce qu’il me faut, et les gens qui m’accueillent le comprennent toujours. Donc a priori je n’ai plus de mauvaise surprise.
Envisagez-vous de collaborer avec des artistes locaux ?
Je ne me projette jamais sur ce genre de chose, car je sais que les collaborations qui ont du sens arrivent si elles doivent arriver. Donc je laisse venir. Mais quand des occasions de collaborer se présentent, et qu’elles m’excitent, bien entendu je saute dessus !
Où en est l’écriture de votre 6e album ?
Je suis sur le point d’enregistrer mon 6e album en effet, qui va sortir dans quelques mois. Je l’ai en partie écrit à La Réunion."
(Photo DR : Franck Loriou)