Les deux députés réunionnais Jean-Hugues Ratenon et Frédéric Maillot ont adressé un courrier au ministre de la justice et de l’intérieur. Ils demandent une augmentation des effectifs sur l’île et la fin des transferts des détenus mahorais vers La Réunion.
Courrier :
La Réunion connaît depuis plusieurs années des phénomènes de violences urbaines et la situation empire de plus en plus, malgré les alertes de la population. De jour comme de nuit, dans certains quartiers, des bandes rivales s’affrontent parfois avec des armes blanches et des armes à feu ; pompiers et forces de l’ordre se font régulièrement caillasser, de très jeunes mineurs leur tendent même des guet-apens ; des habitants se font agresser, des véhicules sont dégradés ; des médecins et infirmières ne veulent plus se déplacer à domicile passée une certaine heure ; bref, le climat est très tendu.
Le climat anxiogène est à un niveau très élevé et cela très particulièrement sur nos circonscriptions. Il existe aujourd’hui chez la population un sentiment d’impunité de ces fauteurs de troubles, de situation incontrôlée et de manque d’action forte de l’État et de présence dans la durée, malgré leur intervention rapide. Ces incidents de plus en plus graves ont amené le Maire de Saint- André, Monsieur Joé BÉDIER, à réinstaurer un nouveau couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans ce 19 janvier et ce, pour un mois. En effet dans la majorité des cas, des mineurs qui sont pour la plupart isolés, sans famille se regroupent en bandes favorisant les faits de violences, de trafic de drogues. Ces faits ne font qu’alimenter le sentiment de méfiance envers certains groupes ethniques. Il est donc urgent d’agir afin de reprendre la main sur la multiplication de ces évènements afin de ne pas aboutir à des dérives qui viendraient entacher notre vivre ensemble. Il en va du calme et de la sérénité de notre population.
Des rumeurs d’organisation de milices circulent et nous craignons que d’autres drames se produisent tant l’exaspération de la population est forte. La sécurité relève du pouvoir régalien de l’Etat et le sentiment d’abandon de la population est très palpable. C’est pourquoi, nous estimons que l’État doit agir et vite. Certes, il y a quelques opérations menées comme « place nette » mais elles ne sont que très, trop temporaires et inadaptées dans leur forme actuelle. Sans faire du catastrophisme, La Réunion peut basculer à tout moment dans une situation incontrôlable. Or des pistes de travail existent. Il faut que nous en débattions le plus rapidement possible.
Ces pistes sont :
- Une augmentation des effectifs sur l’ensemble de La Réunion.
Spécifiquement, il faudrait un renfort significatif de la compagnie départementale d’intervention de jour et de nuit afin d’avoir une présence constante sur la ville de Saint-André.
Développer la compagnie départementale d’intervention permettrait aussi de faire rentrer des policiers originaires de notre île qui attendent depuis très (trop) longtemps une mutation.
Augmenter cet effectif de la CDI et qu’une section soit en continue sur Saint-André, comme c’est le cas sur St Pierre.
Mettre fin aux transferts des détenus de Mayotte vers La Réunion…pour ne citer que ceux-là.