Ce mercredi 12 mai a lieu la journée des infirmiers. Pour l’occasion, LINFO.re a décidé de mettre à l’honneur ces hommes et ces femmes qui sont en première ligne, notamment en cette période de crise sanitaire.
Isabelle Houng On Sieng a 46 ans. Elle exerce le métier d’infirmière à l’institut de formation en soins infirmiers du CHU Sud.
Elle est également résidente du conseil inter départemental de l’Ordre des Infirmiers Réunion-Mayotte.
"Après mon BAC, il y plus de 25 ans, j’ai choisi de prendre une voie de formation professionnalisante qui me permettrait d’avoir un métier en sortie de formation.
Dès les premiers mois de formation, j’ai pris en pleine figure, la souffrance, la douleur et la vulnérabilité des AUTRES. Très vite il a fallu faire le bon choix : rester et accepter le métier empreint d’humanité, de dévouement, d’altruisme et d’écoute ou changer de voie. Le défi était tellement grand, tellement provocant, que j’ai décidé de le relever ! Ce "défi" m’a fait grandir, murir et m’a permis de trouver ma place.
La vocation est venue après le diplôme d’Etat, lorsque je me suis retrouvée seule face à mes responsabilités. Être infirmière c’est être seule face à des difficultés réelles, palpables, qu’il faut gérer avec ses propres valeurs, avec les règles professionnelles et éthiques. Néanmoins, la beauté de ce métier, est traduite par la notion d’équipe. En effet, malgré le sentiment de solitude que l’on éprouve face à des situations violentes et dramatiques, l’infirmier travaille au sein d’une équipe pluridisciplinaire qui lui permet de prendre un certain recul face à des décisions."
"J’ai été infirmière pendant plus de 20 ans. J’ai travaillé en centre hospitalier dans des services de médecine, de chirurgie, et en libéral. Je ne peux pas décrire ce quotidien passé parce qu’il est indescriptible. Aucune routine, aucune journée type. Uniquement des rencontres multiples, des expériences riches et d’intenses émotions.
Aujourd’hui mon quotidien, c’est de former des futurs infirmiers. Je philosophe sur " le soin" technique, relationnel, le rôle propre, le rôle prescrit. Je tente de partager mon expérience et de permettre aux étudiants d’atteindre les compétences et les connaissances nécessaires pour assurer des soins de qualité, en leur permettant d’être des INFIRMIERS REFLEXIFS, PERTINENTS, EFFICACES, COMPETENTS et FIERS de leur profession."
"Il y a 20 ou 30 ans, on disait que le métier était pénible, horaires de nuit, conditions de travail, manutention, risques infectieux.
Je pense que le métier ne devient pas difficile, il l’a toujours été. Ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui on permet aux soignants d’analyser la situation mais on ne leur permet pas forcément d’être acteur et force de proposition dans la réingénierie de leur métier.
Ce que je ressens, c’est que les professionnels de terrain ont besoin de donner du sens à leur métier. Ils ont besoin d’être consultés dans leurs difficultés quotidiennes. Le manque de reconnaissance des pouvoirs publique les heurte au plus haut point.
J’ai bien conscience que le SEGUR de la santé a amorcé cette reconnaissance et que nos députés sont au premier front pour faire entendre nos droits, mais le chemin est long."
"Avec ma casquette ordinale, je mesure de très près les tensions vécues par les usagers et les professionnels de santé. Après la débâcle de la pénurie des masques du mois de mars 2020 et les multiples réorganisations sanitaires pour faire face à cette pandémie, je fais le constat d’une réelle capacité d’adaptation et un pourvoir de résilience des soignants inébranlable.
Cette résilience n’exclut pas colère, ni l’indignation, elle permet juste de prendre conscience de la situation sanitaire avec discernement."
"Pendant qu’ils dorment, les infirmiers prennent soins de leurs proches.
Pendant qu’ils festoient, les infirmiers réaniment des vies.
Pendant qu’ils réveillonnent avec leur famille, les infirmiers accompagnent des mourants."