En 2020, 36 % des Réunionnais vivent sous le seuil métropolitain de pauvreté. Malgré la crise sanitaire, le taux de pauvreté continue de baisser (- 11 points depuis 2007), de même que les inégalités de revenus.
Le marché du travail est en effet resté dynamique grâce aux mesures publiques permettant de maintenir l’emploi et les rémunérations.La pauvreté reste cependant beaucoup plus importante que dans l’Hexagone (14 %) et qu’en Martinique (27 %), car le déficit d’emplois demeure important sur l’île. C’est particulièrement le cas dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et dans de petites communes rurales, où l’emploi est rare : un habitant sur deux vit y sous le seuil de pauvreté. Pour autant, disposer d’un emploi ne suffit pas toujours à se prémunir de la pauvreté. Les revenus des Réunionnais sont plus faibles et fortement impactés par l’aide sociale, qui permet de réduire la pauvreté et les inégalités de revenus.
En 2020, 36 % des Réunionnais, soit 311 900 personnes, vivent sous le seuil métropolitain de pauvreté monétaire. Ce seuil de pauvreté s’élève à 1 130 euros par mois et par unité de consommation (UC). Les mineurs sont particulièrement concernés : 105 100 vivent dans un ménage pauvre, soit 44 % d’entre eux.
Malgré l’apparition de la crise sanitaire liée au Covid-19 en 2020, le taux de pauvreté monétaire continue de baisser :- 11 points entre 2007 et 2020, dont - 5 points depuis 2015. Le marché de l’emploi est en effet resté dynamique grâce aux mesures publiques mises en œuvre pour maintenir l’emploi et les rémunérations (activité partielle, fonds de solidarité pour les entreprises, aide exceptionnelle versée aux ménages modestes, etc.). Les périodes de confinement ont été aussi plus limitées qu’en France métropolitaine. En phase avec des créations d’emploi qui se sont poursuivies, le nombre de bénéficiaires de la prime d’activité a également continué d’augmenter en 2020.
Pour autant, si les revenus des ménages ont été globalement préservés de la crise, les ménages pauvres peuvent avoir subi une hausse de leurs dépenses et donc une dégradation de leurs conditions de vie. Par exemple, pendant le confinement de mars à mai 2020, les dépenses de certaines familles avec enfant(s) ont pu augmenter du fait de la fermeture des établissements scolaires, conduisant certains parents à financer une garde d’enfant ou à réduire leur temps de travail. De fait, cela a certainement pesé sur des budgets familiaux déjà contraints, malgré les dispositifs d’aide ou d’autorisation de garde d’enfant mis en place. Parmi les ménages pauvres, ceux qui pouvaient compléter leurs faibles revenus par de « petits boulots » non déclarés ont pu également être pénalisés par la crise sanitaire, car cette source de revenus a pu être fortement impactée. Le ralentissement de l’économie met aussi en difficulté les étudiants dans leur recherche d’emploi d’appoint pour financer leurs études.
En 2020, la pauvreté reste à un niveau bien plus élevé que dans l’Hexagone (14 %) et qu’en Martinique (27 %). Elle est nettement plus marquée que dans la région hexagonale la plus concernée, la Corse (18 %). En effet, le déficit d’emplois reste important à La Réunion : en 2020, seules 48 % des personnes en âge de travailler ont un emploi, contre 65 % en métropole.
Avoir un emploi constitue la meilleure protection contre la pauvreté persistante. Pour autant, cela ne suffit pas toujours à éviter une situation de pauvreté. Ainsi, 20 % des ménages dont les revenus d’activité (salaires et revenus des travailleurs indépendants) sont la principale ressource déclarée vivent sous le seuil de pauvreté en 2020. C’est deux fois plus que dans l’Hexagone.
En 2020, les niveaux de vie restent plus faibles à La Réunion d’un bout à l’autre de l’échelle des revenus. La moitié des Réunionnais vivent avec moins de 1 380 euros par mois et par UC, soit 27 % de moins que dans l’Hexagone. Les revenus des plus modestes sont sensiblement plus faibles qu’au niveau national : les 10 % les plus modestes disposent d’au plus740 euros par mois et par UC contre 990 euros dans l’Hexagone. Quant aux 10 % les plus aisés, ils disposent de revenus plus proches de ceux de leurs homologues hexagonaux : au moins 3 040 euros mensuels par UC contre 3 330 euros.
Les inégalités restent ainsi importantes à La Réunion : en 2020, l’ensemble des revenus disponibles des 20 % les plus favorisés est 5,2 fois plus important que celui des 20 % les plus modestes. Dans l’Hexagone, cet écart est moindre (4,2 fois). Cependant, les inégalités de revenus ont diminué fortement sur l’île au cours des 15 dernières années. En 2007, le rapport entre les revenus des 20 % les plus aisés et ceux des 20 % les plus modestes y était de 7.
La pauvreté est particulièrement élevée dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville à La Réunion où elle touche une personne sur deux. Elle est également très forte dans les petites communes rurales : un habitant sur deux est concerné à Salazie (53 %), Sainte-Rose (50 %) et Cilaos (49 %). À l’inverse, La Possession (24 %) et Les Avirons (27 %)sont les communes les moins concernées de l’île.
Le versement des prestations sociales (allocations familiales, prestations logement et minima sociaux) et le prélèvement des impôts directs réduisent fortement les inégalités de revenus et la pauvreté. Sans cette politique de redistribution, le taux de pauvreté serait plus élevé de 14 points.
Le niveau de vie de nombreux Réunionnais dépend fortement des prestations sociales et plus particulièrement des minima sociaux. Le poids des prestations sociales dans le revenu disponible des ménages est ainsi trois fois supérieur à celui de l’Hexagone : 18 % contre 6 %. Il culmine dans les communes du Port (29 %) et de Salazie (28 %). Au contraire, les pensions et retraites ont un poids nettement inférieur à La Réunion (16 % contre 28 %). Ceci s’explique par la jeunesse de la population conjuguée à un fort taux de chômage, le plus élevé de France en 2020 après Mayotte (17 %). Fin2020, 170 300 personnes bénéficient de minima sociaux. Le nombre de bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA)avait légèrement augmenté au 3e trimestre 2020, avant de retrouver son niveau d’avant-crise sanitaire en fin d’année.