Epuisement, horaires décalés, sous-effectif, surcharge de travail, conditions de plus en plus dégradées et parfois même des suicides... le métier d’infirmier est aujourd’hui à la peine. Amélie a choisi d’exercer le métier dont elle a toujours rêvé. Après 4 ans d’exercice, le rêve est aujourd’hui devenu presqu’un cauchemar.
"Le problème c’est qu’aujourd’hui, avec les conditions de travail, on n’a plus le temps de bien faire comme on voudrait. Plus le temps de passer du temps nécessaire auprès des patients. Clairement des fois je suis frustrée, je rentre chez moi, je me dis que je n’ai pas pris le temps de prendre mon temps, parce que je ne pouvais pas à cause des conditions de travail", déplore Amélie.
Infirmier, un métier en manque de reconnaissance. Près de la moitié de la profession estime ne pas être suffisamment considérée par les pouvoirs publics. Déshumanisation et indifférence vis à vis des patients sont de plus en plus récurrents, d’où une perte de sens pour le corps professionnel. Les infirmiers ont aujourd’hui le sentiment de ne plus s’accomplir et de manquer d’efficacité réelle, surtout au sein des hôpitaux. Après 3 ans d’expérience dans un CHU, Amélie s’est promis de ne plus y retourner.
"Concrètement, à l’hôpital, les conditions de travail sont complètement dégradées depuis plusieurs années. Manque de moyens, manque de personnel. À l’hôpital, j’avais 25 patients, j’étais toute seule avec un aide soignant, la nuit, dans un service où ils peuvent vite être mal."
Perrine débute dans les soins à domicile, pour elle aussi l’hôpital, il n’en est plus question.
"Les médecins n’avaient pas le temps de faire leur travail correctement. Si nous nous trompons, c’est sur nous que retombe toute la responsabilité. On s’est mis en grève juste avant que je parte, ça fait maintenant six mois qu’ils sont en grève et rien n’a changé."
Aujourd’hui en France, selon une étude de la direction générale de l’administration et de la Fonction publique, 3 infirmiers sur 4 estiment devoir travailler constamment dans l’urgence. La moitié ne se voit pas capable d’exercer le métier jusqu’à la retraite.