Après deux mois de confinement, le reflux de l’épidémie de la COVID-19 a permis le déconfinement de la population dès le 11 mai et d’entamer un redressement progressif de l’économie réunionnaise.
Après deux mois de confinement, l’économie réunionnaise entame un redressement progressif depuis le 11 mai.
En juin, la perte d’activité économique par rapport à une situation "normale" est ainsi évaluée à 10 % à La Réunion, contre -28 % au cœur du confinement.
Les baisses d’activité sont très variables selon les branches et certaines voient leur activité reprendre assez nettement. La levée des contraintes de déplacement et la réouverture de l’ensemble des enseignes permet notamment la reprise du commerce. L’activité du secteur serait toutefois encore en recul de 15 % par rapport à la normale contre -60 % pendant le confinement. Alors que c’était le secteur qui contribuait le plus à la baisse d’activité globale au cœur de la crise (-6 points), le commerce ne contribuerait plus qu’à hauteur de 2 point à la perte d’activité en juin. L’activité repartirait aussi dans l’industrie hors agroalimentaire. La perte d’activité serait limitée à 15 % en juin, après -50 % durant le confinement. Par ailleurs, les branches agricole et agroalimentaire, qui avaient été les moins affectées par la crise sanitaire, sont revenues à leur niveau d’activité habituel en juin.
Initialement moins touchés, les autres services marchands, comprenant les services immobiliers, financiers et d’assurances, connaissent une baisse d’activité trois fois moins importante en juin que pendant le confinement.
La reprise d’activité est moins rapide et reste partielle dans la construction et les transports, où des difficultés persistent. L’activité y serait en baisse d’environ un tiers par rapport au niveau d’avant-crise.
Dans la construction, après un brutal coup d’arrêt durant le confinement (-75 %), une majorité de chantiers a repris en juin, mais l’activité n’est pas revenue à son niveau habituel. Ainsi, à La Réunion, la branche de la construction serait celle qui contribue le plus à la baisse d’activité du mois de juin (-2 points).
Un mois après le déconfinement, les services de transport continuent de pâtir d’un trafic aérien réduit au minimum (-90 % en juin). L’activité a en revanche repris pour les entreprises de transport terrestre (bus, transports routiers...).
Conséquence de la forte réduction des liaisons aériennes, les activités liées au tourisme sont toujours en panne en juin. À l’arrêt complet pendant le confinement, les agences de voyages rouvrent avec une activité réduite de moitié. Dans le même temps, les services d’hébergement et de restauration redémarrent, mais leur activité est toujours en baisse d’un tiers en juin, après -85 % durant le confinement. D’un côté, la réouverture des hôtels ne bénéficie pas encore d’arrivées de touristes extérieurs, de l’autre les restaurants retrouvent une partie de leur clientèle locale.
Enfin, en juin, les activités ne permettant pas le respect de la distanciation physique comme le cinéma, les spectacles ou le sport en salle restaient encore fortement limitées ou non autorisées.
Les premiers jours du déconfinement et la réouverture d’une grande partie des commerces et activités se sont traduits par un regain de la consommation des ménages. Cette reprise s’illustre par un rebond des transactions par carte bancaire, 14 % plus élevées durant la semaine du 11 mai 2020 par rapport à la même semaine de 2019. Cette nette hausse s’explique en partie par des achats reportés du fait du confinement. De la même manière, les versements de billets à l’IEDOM (correspondant aux remises de recettes par les commerçants) reviennent fin mai à des niveaux proches de ceux de 2019, avec un certain décalage lié au circuit des billets.
Depuis, les Réunionnais semblent avoir repris des pratiques plus habituelles de consommation. En juin 2020, les versements de billets sont quasi-similaires à ceux observés en juin 2019, à l’exception de la semaine de la Pentecôte.
Contrainte par les fermetures réglementées et le confinement, la consommation des ménages s’est réduite d’un tiers par rapport à une période normale. À La Réunion, les montants des transactions par cartes bancaires ont ainsi brutalement chuté de 50 % lors des premières semaines de restrictions de déplacements. En lien avec la fermeture des commerces non essentiels, l’effondrement de 60 % des dépenses en biens manufacturés (habillement, informatique, voitures...) a contribué pour 13 points à cette baisse de consommation. A contrario, la crise sanitaire a entraîné une augmentation de 10 % de la consommation en produits pharmaceutiques et d’hygiène.
Avec la limitation des déplacements et le gel des liaisons aériennes, les Réunionnais ont réduit drastiquement leur consommation de services de transport (-90 %). Ce poste de dépense contribue à hauteur de 5 points à la baisse de consommation des ménages. De même, la consommation en services d’hôtellerie, de restauration ou en activités sportives, récréatives et de loisir, a quasiment cessé (-85 %, soit une contribution de 5 points à la baisse de consommation des ménages). En contrepartie, les ménages ont consommé plus de produits agricoles et agroalimentaires (+ 13 %) pendant le confinement.
Comparées à une situation normale, les importations ont baissé de 8 % durant le confinement. Cette baisse masque néanmoins une grande variabilité selon les produits.
Ainsi, les importations de produits textiles, voitures et produits informatiques sont en forte baisse (entre -20 % et -50 %), même si une partie de ces produits a pu être stockée dans l’attente de la reprise d’activité. Dans le même temps, massivement utilisées pour lutter contre la propagation du virus, les importations de produits d’hygiène tels que le savon, mais aussi des produits chimiques et pharmaceutiques, ont augmenté d’un tiers. De même, les importations de produits en caoutchouc et en plastique (fabrication de visières, sacs et autres emballages) augmentent de 22 %.
Les habitudes de consommation alimentaire ont été modifiées avec la fermeture des cantines, des restaurants et de la plupart des marchés forains. Il en résulte une augmentation de 41 % des importations de fruits, de légumes et de produits agroalimentaires (conserves alimentaires, bières, fromage...).
L’investissement aurait reculé de 60 % durant le confinement. Dans la construction, il est mis en pause avec un nombre important de chantiers à l’arrêt. Par ailleurs, l’investissement en machines et autres biens d’équipements électriques recule de 25 %, comme en témoignent les importations. La chute drastique des vols aériens et des activités touristiques a engendré une baisse de 95 % des dépenses des touristes extérieurs sur le territoire. Ce coup d’arrêt contribuerait à hauteur de 2,5 points à la baisse d’activité.
À l’inverse, le confinement n’aurait pas eu d’impact sur la dépense de consommation finale des administrations publiques.