Magistrats, greffiers et avocats sont en grève et se réunissent ce mercredi afin de réclamer que plus de moyens soient alloués à la justice en France. Au tribunal de Saint-Denis, les audiences du jour ont été reportées sauf urgence.
À La Réunion, comme partout en France, les professionnels du milieu de la justice sont en grève aujourd’hui. Ce mouvement de grève fait suite à une tribune publiée dans Le Monde, initialement signée par 3 000 professionnels de la justice. Cette tribune a été rédigée après le suicide de Charlotte, jeune magistrate qui avait 29 ans. Cette dernière n’a pas supporté la pression causée par le manque de moyens qui pèse sur les magistrats : "À plusieurs reprises, au cours de l’année qui a précédé son décès, Charlotte a alerté ses collègues sur la souffrance que lui causait son travail. Comme beaucoup, elle a travaillé durant presque tous ses week-ends et ses vacances, mais cela n’a pas suffi", peut-on lire dans cette tribune.
La substitut du procureur de Saint-Denis, Charlène Delmoitie, partage complètement le sentiment d’exaspération qui plane sur la profession : "On dénonce un point de rupture, on est à bout. L’institution ne tient que par la bonne volonté de ceux qui l’exercent." Il y a quelques jours, le ministre de la Justice, Éric Dupont-Morreti, avait prôné le budget "historique" alloué à la justice. "On nous oppose beaucoup le budget historique alloué à la justice, mais ce qu’on oublie de dire c’est qu’il y a un retard cumulé depuis des décennies sur ce budget. On est sur un problème très ancien, ce qu’on veut aujourd’hui c’est qu’on nous trouve des solutions. On n’est pas tant sur la question de trouver des responsables", affirme Charlène Delmoitie.
Le manque de moyens accordé à la justice en France empêche les services de bien fonctionner. Audiences surchargées, divorces traités à la va-vite ou encore la multiplication des affaires classées sans suite. "Ce que nous voulons c’est être entendu sur la question du manque de moyens et d’effectifs pour nous permettre de fonctionner normalement et de pouvoir assurer un service public de la justice digne, pour tous les justiciables qui sont en droit d’attendre ça de nous", réclame la substitut du procureur de Saint-Denis.
Les professeurs et les forces de l’ordre qui se plaignent depuis des années, la crise du COVID a révélé de nombreux malfonctionnements dans le système de santé. Dans une majeure partie des services publics, le constat est le même : le manque de moyens.
"On s‘associe à la souffrance des autres personnels du service public. On constate qu’alors même que nous sommes au service des citoyens, nous sommes dans l’impossibilité de répondre à nos missions", déplore Charlène Delmoitie.
Guillaume Caras