La Justice américaine a condamné Monsanto à verser 289 millions de dollars à un jardinier atteint d’un cancer après avoir utilisé du Roundup contenant du glyphosate. À La Réunion, l’herbicide est pourtant toujours utilisé.
Si l’Union européenne a accordé une nouvelle autorisation pour cinq ans du glyphosate, son usage suscite plus que jamais la polémique. En effet, l’herbicide est considéré comme probable cancérigène. Et le procès remporté vendredi dernier aux États-Unis par un jardinier américain en phase terminale d’un cancer du système lymphatique n’est pas pour rassurer quant à son usage.
En France tout comme dans notre île, son utilisation par les collectivités est interdit depuis 2017. Une interdiction qui sera étendue aux particuliers dès l’an prochain. En revanche, le glyphosate est toujours autorisé en agriculture.
Il permet notamment de lutter contre la peste de la canne à sucre. Gilbert Bassinal a repris l’exploitation familiale il y a 18 ans. À l’époque on aspergeait encore les champs, le pulvérisateur sur le dos, sans la moindre protection. "On nous a fait manipuler du poison à main nue. Auparavant on ne mettait pas de masque."
La Réunion est loin d’y échapper : c’est le premier Département d’Outre-mer à avoir recours à la molécule. Les chiffres baissent depuis 2016, mais l’herbicide représente un quart des importations de produits phytosanitaires.
"Parfois nous avons des mauvaises herbes et des lianes notamment qui arrivent à repousser et étouffer la canne. Cela coûte plus cher de payer de la main d’oeuvre que d’utiliser des pesticides", déplore Animateur régional du plan "Écophyto" à la Chambre Verte, Didier Vincenot.
Pour le président de la Chambre d’Agriculture de La Réunion, Jean-Bernard Gonthier, "il faut trouver des méthodes alternatives et s’habituer à faire autrement."
Le 10 août dernier est un jour historique. En effet, pour la première fois, la justice californienne a condamné la société Monsanto -rachetée depuis par le groupe européen Bayer- à verser 289,2 millions de dollars (soit environ 248 millions d’euros) à Dewayne "Lee" Johnson.
Le jardinier américain, victime d’un cancer, poursuivait en justice la firme en attribuant sa maladie à l’utilisation de deux herbicides de Monsanto, le Ranger Pro et Roundup Pro, contenant du glyphosate.