La galère des voyageurs en Outre-mer risque de se poursuivre. Interrogé à l’Assemblée nationale hier, le ministre de la santé Olivier Véran a indiqué que les passagers se rendant à les territoires ultra marin n’étaient pas prioritaires pour effectuer leur test. De plus, le dérogation pour les voyageurs du mardi est annulée. Explications.
En raison de l’épidémie de coronavirus qui continue de gagner du terrain à La Réunion, les passagers voulant se rendre à La Réunion doivent avoir réalisé un test PCR dans les 72H avant le vol.
Mais l’accès à des tests est extrêmement compliqué dans certaines régions de l’Hexagone, notamment à Paris, où le virus circule activement. De très nombreux ultra-marins rencontrent des difficultés à se faire tester, et donc à rentrer à La Réunion.
D’autant plus que le ministre de la Santé Olivier Véran a assuré mardi lors des questions de l’Assemblée nationale au gouvernement que les ultramarins n’étaient pas prioritaires pour réaliser des tests. Le ministre a assuré que "très clairement, la liste des personnes prioritaires pour les tests sont les personnes qui sont symptomatiques, qui sont cas contact, ou des personnels soignants et aides à domicile en contact direct avec des personnes vulnérables. Nous ne pouvons pas élargir cette liste aux personnes amenées à voyager, car il y a des endroits où même pour les prioritaires, les délais se sont allongés", a-t-il expliqué, invitant "les personnes à anticiper la réalisation de leur prélèvement de l’ordre d’une semaine".
Résultat : des centaines de voyageurs ultramarins sont bloqués dans les aéroports d’Orly ou de Roissy, et doivent faire face à des frais supplémentaires.
"Les laboratoires sur la périphérie de bordeaux refusaient de faire des tests pour les voyageurs", explique un Réunionnais revenu de métropole.
Emmanuel est lui allé se faire dépister en Belgique pour pouvoir revenir à La Réunion.
De plus qu’une nouvelle complication vient de se rajouter : la dérogation prévue pour "les voyageurs du mardi" vient d’être annulée. Lorsqu’un passager voyage le samedi, il doit avoir réalisé son test au plus tard le samedi. Or, les laboratoires sont généralement fermés le weekend. Impossible ou presque d’obtenir le sésame à temps. C’est pourquoi une dérogation avait été mise en place pour ces voyageurs du mardi : ils pouvaient effectuer leur test jusqu’à 96 heures avant leur vol. Selon les informations de nos confrères d’Imaz Press Réunion, cette dérogation a été supprimée. Tous les voyageurs doivent avoir effectué leur test dans les 72 heures. De quoi compliquer encore le retour de certains ultramarins sur l’île.
"Le ministre de la santé totalement à côté de la plaque", dénonce Jean-Hugues Ratenon. "Le ministre a affiché son désintéressement total à la situation de ces ultramarins en affirmant que ces voyageurs ne sont pas prioritaires ; et d’autre part, il a révélé à la représentation nationale son ignorance de la situation", poursuit le député. "Nous constatons qu’il n’est pas prêt à mettre des moyens nécessaires pour satisfaire les besoins de ces citoyens".
"C’est un réel problème pour nous ultramarins : le test obligatoire à 72h dont les résultats n’arrivent pas, c’est une atteinte à notre liberté de circuler. Je demande que le ministre de la santé revoit sa position et je vais saisir dès aujourd’hui le ministre des Outre-Mer sur cette question très préoccupante", a conclu le député Insoumis.
Le Conseil représentatif des Français d’Outre-Mer (CREFOM), a également répondu aux déclarations d’Olivier Véran. Son président, Daniel Dalin, parle de "manque de considération dont les originaires d’Outre-Mer son victimes de la part du gouvernement".
"L’impossibilité de fournir une attestation négative de moins de 72h engendre l’interdiction d’accès pour nos compatriotes aux vols transatlantiques et toutes les conséquences en cascade en termes de dépenses supplémentaires", écrit le président du CREFOM.