Crise sanitaire, guerre et transport maritime ne font pas bon ménage. Les Réunionnais l’ont compris à leurs dépens. Les prix augmentent à tout va et l’importation de marchandises est un véritable casse-tête pour les revendeurs locaux.
Les produits bloqués pendant les premières vagues de la crise sanitaire ont été les premiers à être livrés et, avec les nouvelles commandes, l’offre ne suit plus. Le trafic mondial est complètement déréglé. Il n’y a pas assez de navires et les prix, comme par enchantement, explosent.
En effet, en 2021, l’activité du Grand Port Maritime rebondit. Ce ne sont pas moins de 6 026 675 tonnes de marchandises qui sont traitées à la Réunion, établissant un nouveau record pour ces dix dernières années.
En termes d’EVP, c’est-à-dire les conteneurs de vingt pieds, cela représente près de 400 000 boîtes en métal, soit une hausse de 7 %. Des conteneurs plus nombreux mais également des conteneurs plus chargés. Et oui, l’augmentation des prix du fret incite à remplir le plus possible les conteneurs. Le tonnage part à la hausse : + 13% en 2021.
Les conteneurs ont commencé à s’accumuler sur les terre-pleins fin 2020. Le grand port maritime sature. Heureusement, leur évacuation a progressé de 11 %, prodédant ainsi à un désengorgement progressif du port dont l’activité devrait se fluidifier davantage dès le mois de juin prochain, avec l’arrivée de 2 portiques neufs.
Depuis le mois de septembre, le prix du fret maritime a augmenté de 30 % en raison de la crise sanitaire qui dérégle le trafic mondial. Après la crise covid, l’activité marchande a repris et la demande a, tout naturellement, explosé. A cette hausse du prix du fret, il nous faut rajouter une surcharge carburant de + 30 % depuis octobre dernier.
Déjà pendant la première moitié de 2021, les transitaires européens annonçaient à leurs clients un surplus de 1500-2000 euros pour un conteneur à destination de La Réunion depuis le port d’Anvers. Et aujourd’hui, un conteneur de 20 pieds pour La Réunion en provenance d’Inde se monnaye à 5000 euros au lieu de 1100 euros avant la crise.
L’indice Flexport OTI (Ocean Timeliness Indicator), qui mesure le délai entre l’arrivée d’une marchandise sur son port d’expédition et sa livraison au port d’arrivée, reste très élevé. Flexport montre que les délais constatés début février sont encore proches des niveaux records atteints en 2021.
Par ailleurs, les délais de prise en charge aux portes des ports d’expédition depuis l’Asie explosent et sont les plus élevés depuis que l’Asie est devenue la grande manufacture du monde. Au lieu d’un délai de quatre semaines avant-crise, il est désormais plus d’une dizaine de semaines pour de nombreux produits. A La Réunion, les divers revendeurs de produits importés parlent de plusieurs mois de délai dans les livraisons.