À l’occasion de la sortie de son dernier album, "La liberté d’aimer", dont il a composé toutes les chansons et co-écrit les paroles avec Fred Zeitoun, Frédéric François nous accorde un long entretien. Il annonce la reprise de sa tournée à La Réunion, avec deux dates à Saint-Joseph les 28 et 29 mai prochain.
“La liberté d’aimer” est un nom relativement équivoque. Quel message souhaitez-vous transmettre avec cet album ?
J’ai toujours chanté des chansons d’amour individuel, d’un homme qui dit je t’aime à sa femme ou à celle qu’il désire. J’ai chanté l’amour filial avec des titres comme Mamina, Fou d’elle, ou encore Le strapontin de Papa. Aujourd’hui “La liberté d’aimer” me fait aller encore plus loin dans la mesure où je célèbre l’amour universel, qui ne connaît pas de limites ni de frontières.
Comment la liberté d’aimer s’exprime-t-elle selon vous ?
La liberté d’aimer, c’est avoir la possibilité de ne se poser aucune question dans l’amour. Au contraire, de s’en réjouir ! Si demain ma fille vient à la maison avec un garçon dont la culture est différente, et bien je serai le plus heureux des hommes simplement parce que je la verrai heureuse.
Sommes-nous plus libres d’aimer aujourd’hui qu’hier ?
Bien sûr. J’avais des parents siciliens, et déjà je peux vous dire que j’ai marié une polonaise d’origine. Mon père aurait peut-être voulu que je trouve une italienne comme nous… Aujourd’hui cette question ne se poserait plus.
L’amour, un thème qui traverse les années et dont nous ne vous lassez jamais…
J’ai l’habitude de dire que c’est dans mon ADN. Quand j’étais enfant, tous les dimanches matins pendant que ma mère préparait le déjeuner, mon père prenait sa guitare et pendant des heures il ne chantait que des chansons d’amour. Quand j’ai commencé à chanter, l’amour a été mon fil rouge, et il l’est resté.
Aimons-nous différemment depuis le confinement ?
Le confinement a permis aux couples de se rapprocher, de découvrir ou de redécouvrir la vie à deux. Et forcément aujourd’hui, nous nous aimons différemment, encore plus fort !
La vie à deux, l’amour en période de confinement : comment l’avez-vous vécu ?
Pour moi cela a été une période particulière, car depuis les années 70 je suis très occupé par mon métier. Je n’ai jamais passé beaucoup de temps à la maison… Aujourd’hui je ne peux plus dire ça, et j’en suis très heureux. Pendant le confinement je suis passé à la cuisine, j’ai préparé la table… des choses que je n’avais pas le temps de faire avant.
Composer un album à domicile, pendant le confinement, était évidemment une expérience inédite. Comment vous êtes-vous organisé ?
Dans le sous-sol de ma maison, j’ai fait aménager un Home studio dans lequel j’ai travaillé tous les jours, après avoir composé les musiques sur mon piano ou ma guitare. Nous étions en étroite collaboration avec le parolier, on s’appelait très souvent.
Les chœurs ont été enregistrés à Paris, à Los Angeles, et le mixage à Shanghai ! Et grâce à Internet et à FaceTime, je travaille avec Luca Bignardi, qui a déjà collaboré avec de grands noms comme Laura Pausini ou Andrea Bocelli.
De manière plus générale, à quel point ces derniers mois ont mis votre dynamisme notoire à l’épreuve ?
Je suis quelqu’un de très positif et je fais le maximum pour le rester. Mais c’est vrai que cette période est particulièrement difficile dans la mesure où par exemple, je ne peux pas serrer mes petits-enfants dans les bras, réunir tous mes enfants autour de la table comme nous avons l’habitude de le faire…
J’ai également hâte de remonter sur scène, retrouver mon public, pouvoir les rencontrer, faire des photos, échanger quelques mots. Mais restons positifs, tout cela reviendra.
La crise sanitaire a bouleversé l’agenda des représentations de tous les artistes. Avez-vous une plus grande visibilité aujourd’hui pour un retour sur scène ?
Les producteurs ont décidé de faire redémarrer la tournée à partir du mois de mai. J’espère de tout cœur qu’un vaccin sera trouvé et que les dates de cette tournée resteront celles qui sont annoncées sur l’agenda.
On vous sait amoureux de La Réunion. Aura-t-on le plaisir de vous y revoir prochainement ?
Et bien figurez-vous que justement, ma tournée reprendra par l’île de la Réunion les 28 et 29 mai. Nous serons en concert À Saint-Joseph, et je suis vraiment très pressé de vous retrouver.
Frédéric François : "La Réunion c’est un peu comme mon île"
Quels sont les souvenirs de vos passages à La Réunion que vous gardez en mémoire ?
Nous avons fait de magnifiques émissions radio ou télé avec Sonia Tardy-Velia, ou sur Antenne Réunion par exemple. Je suis un habitué des Floralies du Tampon, où nous avons vécu de formidables moments, comme le jour où je suis arrivé sur scène avec le drapeau de la Réunion sur mes épaules, ou encore quand j’ai été nommé citoyen d’honneur de la commune du Tampon.
J’ai également interprété la chanson traditionnelle “Tite fleur fanée” que nous avons diffusée sur notre Facebook pendant le premier confinement.
Si vous deviez un point commun et un différence entre la Belgique et La Réunion ?
Le point commun, je pense que c’est un territoire relativement petit, mais qui regorge de richesses extraordinaires, d’artistes avec un public fidèle et chaleureux.
Pour la différence, je vais vous parler de cuisine… Mangez-vous beaucoup de frites à la Réunion ?
Qu’est-ce qui vous pousse à produire de nouvelles chansons, après plus de 50 ans de carrière ?
Je pense que j’ai gardé le feu sacré, et l’amour de la musique intacte, comme au premier jour. À chaque fois que je sors une nouvelle chanson, mes inquiétudes sont les mêmes, j’ai toujours envie que le public me retrouve là où il m’attend, pour ne pas le décevoir. À chaque album je vais un petit peu plus loin dans la création… Mais sans dénaturer le style Frédéric François, c’est important.
Envisagez-vous d’autres projets, en dehors de la musique ?
J’aimerais beaucoup tenter une expérience d’acteur, même si c’est pour une seule fois. Tourner dans une série télé par exemple, tenir le rôle d’un commissaire de police, ou d’un médecin… Ce serait sympa non ?
Que souhaitez-vous aux Réunionnais en cette fin d’année ?
À tous mes amis de la Réunion, je vous souhaite la plus belle fin d’année qui soit. Surtout prenez bien soin de vous, respectez bien toutes les précautions, pour que nous puissions nous retrouver en 2021 et faire la fête comme nous aimons la faire... en toute liberté !