Francis Collomp avait réussi à s’enfuir dans des conditions "dignes d’un roman d’aventures", selon les mots de François Hollande. Il a d’ailleurs écrit un livre et un documentaire pour raconter son histoire.
Francis Collomp, est mort mercredi soir. Il s’est éteint des suites d’une "longue maladie". Marié à une Réunionnaise, il résidait depuis plusieurs années au Port.
Impossible de rester insensible à son histoire, et de son évasion spectaculaire après 11 mois de détention dans des conditions extrêmes. Le 19 décembre 2012, Francis Collomp est enlevé au Nigeria, et il s’est libéré, seul, après 332 jours de détention. Un récit incroyable qu’il raconte dans un livre sobrement intitulé "L’évasion".
Le 16 novembre 2013, Francis Collomp parvient à déjouer l’attention de ses geôliers. Pendant leur prière, la porte de la cellule n’est pas verrouillée. Il sort, court, puis arrive à arrêter un taxi-moto qui l’emmène au poste de police le plus proche.
Ce jour là Francis Collomp a décidé de mettre sa vie en jeu et de tout tenter pour la liberté. Il savait que s’il échouait, s’il commettait la moindre petite erreur c’était la fin.
C’est sans doute son esprit d’ingénieur astucieux et patient qui l’aura sauvé.
Il faut l’imaginer, l’homme prépare sa première évasion en affaiblissant pendant 8 mois le portail de la maison où il était enfermé avec de l’huile de palme qu’il récupérait des beignets que lui donnaient parfois ses geôliers. Il utilise et taille sa brosse à dent pour sortir de sa cellule mais il est transféré avant de pouvoir s’échapper.
C’est plus tard qu’il arrive à identifier les différentes phases du rituel des ablutions avant la prière du soir. C’est ce moment qu’il choisit pour pousser la porte d’un grand coup et s’enfuir de sa deuxième cellule.
Francis Collomp ne s’est jamais laissé dépérir, il a toujours entretenu son mental et son physique pour ne pas sombrer. Il a préparé son évasion, d’abord par un entraînement physique quotidien en marchant "10 à 15 kilomètres par jour", dans sa cellule de 10 m2, en rond autour de son matelas.
Il raconte aussi dans son livre qu’une nuit, alors qu’il grelottait de froid, il pense à appeler un gardien pour demander une couverture. Puis il se ravise : "Pas question d’apparaître faible à leurs yeux. Je dois m’endurcir. Psychologiquement. Aucun signe de faiblesse, je dois m’y tenir."
Francis Collomp s’était exprimé sur Antenne Réunion il y a quelques mois
Ne jamais paraître diminué, ne jamais renoncer, c’était un peu pour lui comme une vengeance. L’ex-otage aura tout de même perdu 30 kilos avant de retrouver sa liberté après 11 mois de détention.