Plus d’une trentaine de pompiers, issus de toutes les casernes de l’île, se sont réunis rue Monthyon à Saint-Denis pour protester contre leurs conditions de travail. Un accord a été trouvé dans l’après-midi avec la direction du SDIS, mettant fin au mouvement.
Primes accordées de façon inégalitaire, problèmes de budget, manque d’effectifs... Un mouvement de grève a débuté ce matin par les sapeurs-pompiers de La Réunion qui éprouvent un fort sentiment d’injustice.
En réaction à ce mouvement de grève, la direction du SDIS a organisé un point presse dans l’après-midi.
La signature d’un protocole afin de trouver une entente a été décidée. En conséquence, les pompiers mobilisés ont décidé de mettre fin au mouvement de grève.
Un peu plus tôt dans la journée, les pompiers se sont confiés sur les raisons qui les ont poussé à ce mouvement de grève.
"Cela fait 30 ans que nos droits sont bafoués", estime l’adjudant-chef Noël Pothin, responsable d’équipe au Port. "Il y a des dysfonctionnements au niveau logistique, technique, de l’avancement... Tout va mal", déclare le sapeur-pompier.
Au cours de la matinée, un barrage a été édifié par les manifestants et la rue Monthyon, à Saint-Denis, a été bloquée.
Le feu a également été mis à un pneu dans le cadre de ce barrage. "Si les pompiers éteignent les feux, ils savent aussi les allumer lorsque c’est nécessaire", a déclaré à ce propos Willy Lauret, président du SNPP (Syndicat National des Sapeurs-Pompiers Professionnels), en précisant toutefois que ce feu était parfaitement maîtrisé par les sapeurs-pompiers présents.
Noël Pothin est révolté par les conditions de travail des employés et volontaires du SDIS Réunion.
"Aujourd’hui on vit beaucoup d’injustice. Et notre SDIS est dans un système de procrastination : toujours reculer, ça coûte beaucoup d’énergie au personnel. Nous sommes l’un des SDIS où il y a le plus d’absentéisme en France, alors il faut vraiment qu’ils se posent la question : pourquoi les pompiers ne ’font pas le boulot’ ? On est face à une direction qui n’existe pas."
"Il faut s’indigner de tout ça. Moi je suis ’en fin de course’ mais j’aimerais à un moment donné que ça change. Et c’est maintenant ou jamais."
Willy Lauret, présent depuis 8 heures au point de rassemblement, évoque lui aussi une multitude de dysfonctionnements liés à la direction du SDIS.
"On a un mouvement de grève depuis le 4 juin parce que le SDIS n’assure pas ses fonctions. On a des problèmes récurrents de manque d’effectifs dans les casernes, des problèmes relationnels par rapport à certains chefs de centre, où le management est à revoir. Les primes ne sont pas appliquées de manière juste, comme l’indemnité d’administration et de technicité (IAT), qui est accordée seulement à une minorité du personnel."
Selon Willy Lauret, la direction n’est pas réceptive aux doléances des sapeurs-pompiers :
"Il n’y a pas de transparence dans ce SDIS. Hier nous sommes partis soi-disant pour une négociation avec la direction : les responsables étaient pressés de partir car ils avaient un repas à la préfecture. Vous vous rendez compte ? (...) Tout ce qu’on demande, c’est d’être traités comme il se doit."
Les dysfonctionnements dont se plaignent les pompiers ont bien sûr un impact sur leur activité, pourtant indispensable à la population.
"Dans une caserne, celle du Tampon par exemple, où il est prévu 13 personnes de garde, souvent ils se retrouvent à 6. Dans la caserne de Saint-Denis, où il doit y avoir 17 personnes de garde, on est souvent à 9. Pareil à Saint-Paul. Il manque des effectifs dans la plupart des casernes. Dans ces conditions, les pompiers ne peuvent pas acheminer les secours de manière normale" explique-t-il.
La liste est encore longue : licenciements jugés abusifs, examens annulés... En l’absence d’autres alternatives, les sapeurs-pompiers envisagent de porter plainte.
"Le SDIS a beaucoup de procès en cours, qui se soldent en faveur des agents", indique le président du syndicat. "Alors on va finir par faire pareil : on va porter plainte au tribunal administratif et on va gagner."