"On peut être meilleure mère à 17 ans qu’à 40 ans", explique Lana*. À 19 ans, elle était maman de deux enfants. Étudiante puis caissière en métropole, elle quitte tout pour venir à La Réunion. Aujourd’hui, elle se confie sur ces années mouvementées, marquées par une famille qui la "critique" et l’absence de suivi après l’accouchement.
À l’occasion de la fête des mères, Lana* a répondu à nos questions.
Qu’est-ce que ça signifie pour vous la fête des mères ?
"Pour la fête des mères, on fait toujours un repas de famille. Cela nous permet de nous retrouver. D’ailleurs, j’ai toujours les cadeaux de Camilia* et de son frère. De la maternelle au CM2, j’ai tout gardé ! Cela a une valeur sentimentale pour moi."
Est-ce que vous pouvez décrire votre relation mère/fille ?
"Camilia* et moi avons toujours eu une bonne, même très bonne relation. Ce qui est génial, c’est qu’on peut discuter de tous toutes les deux !"
"Etre jeunes toutes les deux ça rapproche. Il faut être ouvert d’esprit sur tout, essayer de les comprendre. Je les laisse vivre leurs expériences. Je dis toujours si on essaie pas, on ne saura pas. Si je m’entends bien avec les jeunes, c’est parce que j’ai une façon différente de voir les choses !"
Comment avez-vous appris à être maman ? Est-ce que votre propre maman vous a aidé ?
"Ma famille m’a critiqué, mais je m’en foutais. On peut être meilleure mère à 17 ans qu’à 40 ans. Il n’y a pas d’âge. Faut être prête, un enfant c’est pour la vie"
"J’étais prête à avoir un enfant à 17 ans. Cela ne m’a pas empêché d’avoir mes examens. Quand tu es entouré des bonnes personnes qui te comprennent et acceptent tes choix – comme ma sœur qui m’a soutenu – ça aide beaucoup. Avoir eu deux enfants, a 17 puis 19 ans, a été la meilleure chose qui me soit arrivé !"
Plus jeune, est ce que vous avez eu des difficultés après votre accouchement, au niveau scolaire et professionnel par exemple ? Est-ce que vous avez eu un suivi particulier étant mineure ?
"Non, je n’ai eu aucun suivi."
"Pour Camilia*, j’ai fini mon apprentissage et j’ai eu mon diplôme. Après Maxence* est arrivé et je suis restée six mois à la maison. J’ai trouvé du travail dans un supermarché à côté de chez nous et j’y ai bossé 14 ans. Ensuite, j’ai tout quitté pour venir à La Réunion."
"Avoir deux petits n’a jamais été un souci pour mon travail. Leur mamie les gardait de temps en temps. En fait, ça a été simple pour moi, mais ça ne doit pas l’être pour tout monde…"
Votre fille est plus vieille que vous à l’époque, est-ce que vous avez tenu un discours particulier par rapport à la grossesse lorsqu’on est jeune ?
"J’ai dit à Camilia* que les études passent avant. Je veux qu’elle ait une bonne situation avant d’avoir un enfant. La vie est compliquée, chère, et cela n’ira pas en s’améliorant…"
Aujourd’hui, que diriez-vous aux jeunes filles de 17 ans qui sont mamans ? Avez-vous des conseils ?
"Je leur dirais que c’est que du bonheur. Je vois que j’ai 39 ans, Camilia* en a 21 et Maxence* 19 ans, donc on profite plus de la vie après ! Pour mes copines c’est différent : elles ont des petits, moi je suis tranquille. Mais c’est sûr que lorsqu’on est enceinte jeune, il faut assumer."