La semaine du développement durable a lieu du 30 mai au 5 juin. Chaque jour, une initiative réunionnaise visant à réduire notre impact sur l’environnement est mise en valeur. Aujourd’hui : fabriquer de l’engrais à partir de déchets.
Valoriser les déchets d’eaux usées pour les transformer en engrais : c’est l’innovation proposée par "Fertilpéi". Ce produit fertilisant, fabriqué localement, est composé de matières issues du recyclage de l’eau de la station d’épuration du Grand Prado. Une grande première à La Réunion.
"Fertilpéi, c’est tout simplement les boues issues de la station d’épuration", explique Geoffroy Mercier, directeur de Runéo. "Elles sont séparées de l’eau, passent dans un méthaniseur puis dans un four, afin de fabriquer des pelettes : ce sont de petits granulés qui ressemblent comme 2 gouttes d’eau à de l’engrais."
Un processus très court -quelques jours- au terme duquel le produit Fertilpéo peut "être utilisé en agriculture, en épandage, pour faire pousser de la canne à sucre, des fleurs...". La production s’élève à 2000 tonnes par an.
Cette innovation est le fruit d’une collaboration entre Runéo, la CINOR et le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
Cette initiative est seulement la deuxième du genre en France et une grande première dans l’outremer.
Il aura fallu 11 années pour obtenir l’homologation du produit fertilisant par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).
Une longue série d’analyses qui garantit la qualité de Fertilpéi, assure Geoffroy Mercier : "On l’a épandu, on a déjà des retours d’expériences, on a mesuré l’eau, la terre, l’air, et on a vu que c’était un produit complètement sain pour faire pousser certains types de plantes dont la canne à sucre."
Des résultats positifs qui montrent, selon lui, que "La Réunion est capable de se bouger et de monter des projets de cette envergure."
Le projet Fertilpéi s’inscrit dans le Plan Climat Air Energie Territorial (PCEAT), une appellation à laquelle les Réunionnais "vont devoir s’habituer", prévient Gérald Maillot, président de la CINOR.
"Il y va de la protection contre le réchauffement climatique de la planète. On a tendance malheureusement à penser que dans notre petite place à La Réunion on a aucun rôle à jouer dans la protection de la planète, mais si."
Protéger l’environnement mais aussi "le porte-monnaie des usagers et des agriculteurs", souligne Yvette Duchemann, vice-présidente de la CINOR.
"Fertiilpéi est un produit d’économie circulaire, qui une fois mis sur le marché coûtera moins cher que les engrais entrant à La Réunion. Un gain pour l’environnement mais aussi un gain économique."