C’était attendu depuis plusieurs années déjà. L’extension du cimetière de Saint-Leu a été approuvée et les premiers travaux ont déjà bien avancé. Soubaya Luçay Permalnaïck, membre du Koléktif Simtyèr Misouk Sinlé, monte au créneau. Il demande que soit aménagé de manière “honorable” le Simtyèr Misouk.
Soubaya Luçay Permalnaïck est membre du Koléktif Simtyèr Misouk Sinlé et secrétaire général de l’association Trè-d’Union, intervenant dans l’éducation sur le patrimoine et l’environnement.
Il demande qu’à l’occasion des travaux du cimetière de Saint-Leu dont les coûts s’élèvent à près de 800 000 euros, à ce que le Simtyèr Misouk soit aussi aménagé de manière “honorable”.
“C’est l’occasion de s’occuper du Simtyèr Misouk, d’y placer des plaques et des stèles pour commémorer ce pan de notre histoire, de rendre honorable ce lieu essentiel du patrimoine des Réunionnais”, exhorte Soubaya Luçay Permalnaïck.
Pour soutenir sa demande, ce dernier rappelle l’épisode de 2005 où lors des travaux pour l’agrandissement du cimetière de Saint-Leu, une bonne partie du Symtyèr Misouk avait été coupé.
Cela, afin de ne pas répéter l’épisode de 2005 où des anciennes sépultures ont été fouillées et déplacées. “Les fossoyeurs avaient officiellement reçu l’ordre de mettre les ossements des anciennes sépultures dans des sacs qui ont été, ensuite, placés sous les nouvelles fosses”, soutient-il
Le Simtyer Misouk, pour ceux qui ne connaissent pas, est un lieu contigu au cimetière de St-Leu où étaient enterrés les esclaves non-baptisés à l’époque de l’esclavage et, aussi, les non-chrétiens (engagés indiens, africains, chinois, etc.) après l’abolition de l’esclavage.
Selon le secrétaire général de l’association Trè-d’Union, jusqu’en 1945, on enterrait encore des gens dans le Symtyèr Misouk. “Une famille très connue de Saint-Leu a même procédé à un rapatriement symbolique du Symtyèr Misouk vers le cimetière commun des restes d’un membre de leur famille”, nous dit-il.
Par ailleurs, une démarche a été entreprise par le Koléktif Simtyèr Misouk Sinlé en vue de classer le Symtyèr Misouk comme monument historique depuis quelques années déjà. “C’est un pan de l’histoire de La Réunion que l’on considère comme un patrimoine culturel important”, souligne Soubaya Luçay Permalnaïck.
“Il convient de laisser une trace tangible de l’histoire des Réunionnais car ce n’est pas seulement un cimetière où ont été enterrés des esclaves et des engagés indiens. De nombreux Réunionnais y ont également été enterrés, notamment, pendant l’épisode de la grippe espagnole en 1919”, conclut-il.