Photo Antenne Réunion
Depuis le 9 février dernier, la station Engen du Port propose une réduction de 2 centimes d’euros sur le prix du sans plomb. Selon le gérant, cette décision a été prise avant tout "pour sa clientèle". D’ailleurs, une remise de 3 centimes est faite sur le gazole uniquement les samedis. Une pratique que la bannière Vivo Energy Réunion, dont dépendent les stations Engen, ne semble pas approuver. La semaine dernière, le gérant dit avoir reçu la visite d’un huissier de justice lui sommant de mettre fin à la vente de l’essence moins chère que le prix maximal fixé par la préfecture.
C’est une information qui a été révélée par nos collègues de Zinfos974. Le gérant de la station Engen du Port, Claude Payet, a été sommé par un huissier, le 9 mars, d’arrêter les remises que la station offre sur son carburant : moins 2 centimes d’euros sur le sans plomb et tout temps et moins 3 centimes d’euros sur le gazole le samedi.
Sur la sommation, dont LINFO.re a pu obtenir, il est écrit que : "Depuis plusieurs semaines, nous avons pu constater que vous procédez unilatéralement et sans l’accord de VIVO ENERGY REUNION, à des remises de carburant de deux centimes par litre de carburant vendu. Par cette pratique, vous vous écartez volontairement de la ligne commerciale de VIVO ENERGY REUNION, appliquée par tous les gérants du réseau ENGEN REUNION."
"Par ailleurs, votre pratique conduit à une modification du mode d’exploitation du fonds de commerce, S’agissant notamment de la facturation ONF CARD pour laquelle les volumes (litrage) et le montant de la remise se retrouvent tous deux faussés. Plus généralement, votre pratique crée une distorsion dans l’ensemble du réseau, est préjudiciable à l’image de marque de VIVO ENERGY REUNION (enseigne ENGEN REUNION) et contrevient à vos différentes obligations contractuelles. Il vous est fait sommation de : cesser immédiatement, et en tout état de cause dans le délai maximum de quatorze (14) jours, votre pratique susvisée non autorisée, et préjudiciable à la requérante."
Questionné par LINFO.re, Claude Payet, le gérant de la station-service, dit ne pas s’inquiéter. "Mon but n’est pas de défaire le système, mais de redonner à notre clientèle de proximité. Avec Vivo Energy Réunion, nous sommes liés par le biais d’un contrat. Sur le prix, je ne pense pas avoir grand chose à craindre. C’est un prix maximum. Beaucoup d’entreprises ne paient pas le prix maximum", fait-il savoir.
M. Payet dit avoir rencontré un avocat ce lundi matin. "Je n’ai pas d’épée de Damoclès sur la tête. Mon contrat avec eux se termine en 2024 et je ne vais pas le renouveler, je vais partir à la retraite. Ils vont peut-être chercher des failles, des manquements. Ils peuvent aussi en créer. Mais même si on va devant le tribunal pour cette réduction, je ne pense pas qu’ils peuvent faire quelque chose", poursuit-il. Claude Payet campe d’ailleurs sur ses positions et dit qu’il continuera d’offrir le carburant moins cher dans sa station.
Légalement, le gérant dit que c’est une action qu’il peut faire. "Le prix qui est fixé par la préfecture est le prix maximum, alors, oui, on peut vendre au-dessous de ce prix", explique-t-il. À sa connaissance, cette initiative est une première sur l’île.
Ce qui a motivé sa décision : un changement dans la loi sur les énergies fossiles, votée l’année dernière, et qui interdit désormais les publicités vantant les énergies fossiles. "On avait l’habitude d’avoir un budget pour notre clientèle. Maintenant, on ne peut plus faire de jeu, offrir de voyages et des scooters par exemple. On veut maintenir notre relation avec le client."