Si ce lundi 10 mai, on commémore l’abolition de l’esclavage, la loi Taubira célèbre également ses 20 ans. Il s’agit d’un texte législatif adopté en mai 2001 définissant l’esclavage comme crime contre l’humanité. Cet anniversaire a lieu dans un contexte où une base de données qui répertorie tous les propriétaires d’esclaves français ayant touché une indemnité a été rendue publique.
Comme le précise Public Sénat, la loi Taubira du nom de l’ancienne garde des Sceaux qui en 2001 était rapporteure du texte, prévoit principalement deux choses. La reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité et une place importante de la traite dans les programmes scolaires et universitaires.
Adoptée en mai 2001, la loi célèbre donc ses 20 ans alors que le 10 mai correspond à la commémoration de l’esclavage en France. Toutefois, cet anniversaire prend place dans un contexte où une base de données qui répertorie tous les propriétaires d’esclaves français ayant touché une indemnité au moment de l’abolition de l’esclavage a été rendue publique.
Fruit de deux ans de travail, la base de données provient de Repairs, un projet de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) coordonné par l’USR 2002 - Centre International de Recherches sur les Esclavages.
La base de données s’illustre comme un moteur de recherche. Elle permet de déterminer si nos ancêtres avaient des esclaves. On peut trier par nom, ville, ou bien colonie. Des noms de propriétaires d’esclaves peuvent apparaitre tout en contenant à la fois un historique des titres d’indemnités et des informations biographiques.
Les données sont réparties entre deux dates. À savoir, 1825 et 1849.
Comme il est précisé sur le site officiel du projet, le projet REPAIRS a pour objectif de "faire une étude de l’indemnité, des réparations et des compensations au titre de l’esclavage, à la fois globale et située (selon les colonies et les sociétés post-coloniales) entre le XIXe et le XXIe siècle, sous l’angle de la philosophie politique, de l’histoire, de la sociologie et des sciences politiques. Cette approche pluridisciplinaire se divise en 3 axes (...). Il veut ainsi abonder le débat sociétal avec des éléments scientifiques informés. Il analyse à la fois les institutions et les acteurs historiques et contemporains autour des notions de droit, de justice, de mémoire, d’égalité qui définissent une nouvelle forme de citoyenneté".
Dès lors, il convient de préciser que la date du 10 mai censée commémorer l’abolition de l’esclavage n’est pas la seule à être célébrer sur le territoire français. À Mayotte, c’est le 27 avril alors qu’à La Réunion, c’est le 20 décembre. En Martinique, c’est le 22 mai et en Guadeloupe, le 27 mai.
Interviewée par 20 Minutes, la chercheuse Jessica Balguy rapporte des éléments pour le moins surprenants. Cette dernière a participé au projet.
Si la doctorante a identifié au moins 30% de descendants d’esclaves parmi les propriétaires qui ont réclamé leurs indemnités en Martinique, les femmes aussi sont nombreuses : au moins et 30 et 40%.
"Est-ce qu’on peut parler de propriétaires d’esclaves dans ce cas-là ?", se demande la chercheuse.