Ce lundi 6 mai, Renée Jeanne Dijoux fête ses 103 ans. Cette Entredeuxienne a reçu la visite du maire de la commune, Bachil Valy, pour cette belle occasion.
Bachil Valy :
Du haut de ses 103 ans, est-ce l’air vivifiant du quartier ou les petits soins prodigués par sa fille Michelle et son gendre Roland ou encore les doux souvenirs d’antan qui permettent à Renée de croquer la vie à pleine dents ? Probablement un cocktail de tout, mais surtout le goût du travail acharné, certifie Renée !
La petite dame, tout sourire, n’a de cesse de défier le temps : une mémoire affûtée qui n’a rien omis de sa plus tendre enfance, aux côtés de ses parents Augusta et Honora. Une enfance qui lui permet d’être en contact avec la terre, un élément important dans la continuité de son existence.
Son univers est rythmé par la couture auprès de sa mère et les effluves de géranium distillé par son époux Serge Fontaine, au Dimitile. Une atmosphère familiale réconfortante… Malheureusement, des suites d’une longue maladie, elle perd son époux qui ne franchit pas le cap des 50 ans.
Forte et déterminée, l’Entredeuxienne gère sa maisonnée avec rigueur, malgré les difficultés : ses neuf enfants sont sa priorité. Pour subvenir aux besoins de sa caz, elle travaille chez Mme et M. Lovienne Lauret qui habite vers la Ligne Canal ou encore chez le couple Chane-Hive.
Elle s’occupe si bien des enfants que ses employeurs placent une confiance inébranlable en la Nounou des petits. Renée qui quelque part, devient un des membres à part entière des employeurs.
Entretemps, la vie s’obscurcit : six des enfants de Renée décèdent, pour certains d’entre eux en bas âge.
De sa descendance, deux filles et un garçon assurent aujourd’hui, la lignée Dijoux/Fontaine : Marie Aimée, Michelle et Paul Dominique. Et aussi, 13 petits-enfants, 15 arrière-petits-enfants et quatre arrière-arrière-petits-enfants, me dit Michelle.
Avec l’évolution sociétale, les petits n’ont pas les mêmes attentes que les aînés. Mais, Renée conserve précieusement les us et coutumes d’époque. La centenaire s’attarde volontiers sur son enfance, notamment les anecdotes : « la nuit venue, une fois que mes frères et sœurs avaient pris le lit, il n’était pas rare que ma mère i rappelait à zot à l’ordre : « artoune dire vot prière d’abord ! », dit-elle en rigolant.
« Aujourd’hui, lé pu pareil, mais chaque soir, mi continue de dire mes trois prières. C’est une manière pour moi de passer une bonne nuit », détaille la centenaire pieuse.
Et, ce n’est pas tout, une alimentation saine et variée contribue à une meilleure santé : « dans le temps, i planté des Haricots, toutes sortes de grains qui bien souvent, té même pa po nou, car i parté au marché ! Mais nous contenté de sak navé. Par exemp, i passé le maïs au moulin avant de cuisine a lu », se remémore Renée qui mange de tout.
« Si malgré ça, ou lé malade, il ne faut pas se plaindre. Et, si ou lé dans la peine, fais vot possible pour avancer ! Tourne les pages, sans oublier pour autant, mais penser au futur, c’est ce qu’il y a de mieux à faire ! », recommande Renée, avant de conclure en fredonnant : « un soir dans le village, un soir fragile et doux, viens, viens, je t’attends. Tu ne veux pas venir parce que tu ne l’aimes plus. Ah, elle est belle, elle est gentille, elle a tout plaisir pour elle… »