Commissaire régional des Meilleurs Ouvriers de France, Emmanuel Lemagnen est l’invité du 19h d’Antenne Réunion.
Emmanuel Lamagnen est commissaire régional des Meilleurs Ouvriers de France (Mof) depuis 25 ans. Il explique les contraintes d’un tel concours pour les candidats réunionnais.
Selon lui l’excellence est un sommet difficile à atteindre pour les Réunionnais. Il explique : "Il y a 2 raisons à cela. La première c’est que les concours imposent des sujets. Derrière le mou du métier se cache une réalité. Et puis il y a un deuxième phénomène qui rend la chose plus difficile c’est l’éloignement. Il y a des contraintes de prix et de logistique."
Il ajoute : "Malheureusement on a beaucoup de Réunionnais qui n’ont pas les moyens d’être candidat. Par exemple cette année, il faut payer l’avion une ou deux fois pour passer des pré-sélections au niveau national. Lorsqu’une pièce est finie, il arrive que certains candidats doivent envoyer des pièces qui font 2 ou 3 mètres cube ce qui représente, 10 000 ou 15 000 euros. En métropole, le même candidat prend un camion et monte à Paris."
Le commissaire régional explique qu’il y a tout de même des contraintes qui ne sont pas les mêmes. Selon lui, c’est l’actuel sujet de discussion avec le comité national qu’il entreprend pour essayer d’adapter le concours aux Outre-mer.
Ce ne serait donc pas lié à des questions de compétence mais plutôt à des questions logistiques. Emmanuel Lamagnen raconte : "C’est souvent des questions logistiques, encore viser l’excellence des meilleurs ouvriers de France il faut être vraiment exceptionnellement bon. Par contre il y a des métiers sur lesquels il n’y a pas de sujet et il y a de vrais candidats réunionnais. On a des compétences mais elles ne sont pas simples à mettre en avant"
Il faut donc saluer le savoir faire de ceux qui ont obtenu ce titre. À La Réunion, ils sont moins d’une dizaine. Pour l’essentiel, ce sont des brodeuses explique le commissaire régional. "C’est très intéressant parce que la broderie de Cilaos est très enclavée à Cilaos mais est reconnue mondialement. C’est le savoir-faire le plus capé à La Réunion puisqu’on a 5 meilleurs ouvriers de France et une maître d’art."
Il ajoute : "Ensuite nous avons des métiers moins connus. Il y a aussi des meilleurs ouvriers de France qui viennent s’installer à La Réunion".
Selon Emmanuel Lamagnen, ce concours est créateur d’emploi mais surtout consolidateur d’emploi. "Cette année je met l’accent sur les MOF dans les outils de formation. Ce concours est un concours de l’éducation nationale donc s’il y a un professeur dans l’enseignement technique ou un formateur dans un CFA qui est meilleur ouvrier de France, évidemment ça va attirer des jeunes et ils vont recevoir une formation top niveau et sera de futurs artisans et commerçants de haut niveau."
L’idée de délocaliser le concours a déjà été évoquée selon Emmanuel Lamagnen. "Nous l’avons évoqué il y a 3 ans. Pour un charpentier parce que c’était le seul finaliste national, il devait envoyer une pièce qui coutait 15 000 euros aller simple par avion."
Le commissaire expose selon lui une contrainte que n’ont pas les candidats métropolitains. "Il est plus facile parfois de déplacer des jury."
Il ajoute : "Ce à quoi je travaille en ce moment avec la direction nationale ce n’est pas d’acclimater le concours national à l’Outre-mer, mais de l’adapter à nos contraintes logistiques et d’éloignement. L’enjeu c’est soit on adapte le concours aux Réunionnais soit il va s’appeler le concours des meilleurs ouvriers de métropole."
Il fini par déclarer : "La Réunion a du talent. On parle certainement de probable meilleur ouvrier de France, La Réunion a un grand talent, il faut le mettre en avant mais sur une petite île ce n’est pas simple à gérer dans le temps."