À la demande de la commission des finances du Sénat, la Cour des comptes a enquêté sur l’organisation, le fonctionnement, le coût et les résultats du système scolaire outre-mer.
En janvier dernier, la Cour des comptes a été saisie par le président de la commission des finances du Sénat d’une demande d’enquête portant sur "le système éducatif dans les académies ultramarines".
Le coût du système scolaire en Outre-mer est supérieur d’environ 30 % à la moyenne nationale.
Cet effort incontestable de moyens est toutefois mal ajusté aux besoins, l’organisation des dispositifs, trop peu ajustée aux réalités locales, entraînant une perte d’efficacité.
"L’éducation nationale devrait faire preuve d’une plus grande adaptabilité pour résoudre la tension entre la forte revendication à l’égalité de traitement des élèves et l’indispensable différenciation des modes d’organisation et d’application des dispositifs scolaires."
Officiellement les taux de réussite aux diplômes sont équivalents à ceux de métropole. 87% de réussite au brevet en métropole, 86 en Martinique, 82 en Guadeloupe et La Réunion, 75 en Guyane et un taux inconnu à Mayotte.
Notons que le taux d’accès est de seulement 63% en Guyane et inconnu à Mayotte.
Au bac général 91% de reçus en métropole, 89 à 92 dans les Antilles et La Réunion , 85 en Guyane et 73% à Mayotte. Mais à Mayotte un élève sur deux (60%) n’a pas accès au bac et 1/4 en Guyane contre environ 15% dans les autres DROM.
Les enseignants coutent trop cher estime la Cour qui leur trouve aussi bien d’autres défauts. Ils sont "peu impliqués dans la formation".
Surtout la Cour dénonce un nombre important de journées d’enseignement perdues "à reconquérir" mais qu’elle ne peut estimer.
La solution proposée par la Cour c’est la déréglementation.
"Les règles nationales de gestion des personnels, en particulier enseignants, prévalent sur les adaptations : hormis dans le premier degré à Mayotte, le recrutement des enseignants se fait selon les règles du droit commun et les mécanismes d’affectation en outre-mer ne permettent pas de pourvoir tous les postes. Le dialogue de ces académies avec le ministère ne fait pas une place suffisante aux spécificités locales : il reprend à l’identique les priorités ministérielles de facto difficilement applicables (les rythmes scolaires à Mayotte, par exemple), des difficultés localement très importantes (la question linguistique en Guyane) n’y sont pas traitées. L’éducation prioritaire, qui est massivement utilisée, ne semble plus l’outil approprié : outre les limites inhérentes à ce dispositif (déjà relevées par la Cour dans son évaluation de politique publique), la délimitation du périmètre et l’intensité de l’effort dans les Antilles et à La Réunion semblent davantage un produit de l’histoire qu’une adaptation réaliste au contexte".
La Cour fait finalement 11 recommandations. Deux sont des demandes d’explication sur l’écart entre évaluations et examens et sur le nombre de jours perdus. La Cour demande aussi la révision du plan de remplacement peu efficace. Les autres invitent à une nouvelle gestion : "adapter l’éducation prioritaire aux réalités locales voire y substituer un dispositif spécifique" ; intensifier l’adaptation des concours de recrutement.