La Tereos Océan Indien expérimente la production de sucre bio péi à Sainte-Marie.
Du sucre bio produit à La Réunion, c’est un projet en cours d’expérimentation dirigé par Tereos Océan Indien. Le groupe coopératif sucrier transforme des matières premières agricoles en sucre, alcool et amidon. Une phase de test est en cours, à Sainte-Marie, pour étudier les conditions techniques et économiques de cette production.
"On a une équipe de techniciens qui comptabilisent et identifient les mauvaises herbes que nous avons, en particulier sur les parcelles qui n’ont pas été traités avec des herbicides (...). L’objectif est de comparer la différence d’enherbement. Ça nous servira à prendre les décisions, de traitement sur les parcelles en bio", explique Philippe Labro, président de Tereos Océan Indien.
À Sainte-Marie, la parcelle de cannes à sucre est traitée sans herbicides, en vu d’une production bio. Les premiers essais sont menés par le centre de recherche Ercane, acteur de la filière canne à sucre de La Réunion.
"Je vends déjà à peu près 20 000 tonnes de sucre bio, importées des quelques rares pays qui font du bio en canne. L’idée c’est de voir si l’on pourrait en faire à La Réunion.
Il y a 3 000 exploitations à La Réunion, tous les planteurs n’ont pas la même position. Les planteurs, pour l’instant, ne savent pas quel va être l’itinéraire technique, quel va être le coût, ni le prix de la canne. Certains ont une opposition de principe. Quelque part le bio, c’est renoncer à de la technologie pour remettre de la main d’oeuvre. Certains ne vont pas pouvoir le faire, d’autres vont être motivés par l’aspect bio, (...) il faudra voir au cas par cas." confie Laurent Barau, chercheur agronome à Ercane.
En plus des conditions techniques, les conditions économiques sont aussi étudiées. Les coûts de production seront forcément plus élevés. Les questions de la rentabilité et du coût de la main d’oeuvre se posent. Pour la Chambre d’Agriculture, il faudra être vigilant face à la démarche de l’industriel.
"Il faudra vendre de la canne bio à un industriel, sans intéressement sur le prix de vente du sucre et là, je crois que les agriculteurs en ont assez. Les nouvelles générations ne veulent plus travailler comme ça, ils veulent être acteurs de la filière du début à la fin. Sans intéressement de l’agriculteur au prix final, la Chambre d’agriculture part en ce sens, à condition que la plus value soit répercutée en grande partie sur les agriculteurs, et là on accompagnera les industriels dans cette démarche de sucre bio, à plus grande échelle.", a déclaré Frédéric Vienne, président de la Chambre d’Agriculture.
L’expérimentation de l’industriel devrait durer au moins quatre ans. Le sucre bio local, ce n’est donc pas pour tout de suite.