Ce mercredi 12 mai a lieu la journée des infirmiers. Pour l’occasion, LINFO.re a décidé de mettre à l’honneur ces hommes et ces femmes qui sont en première ligne, notamment en cette période de crise sanitaire.
Dominique Payet a 42 ans, elle est infirmière depuis 2001 et travaille en libéral dans le secteur du Plate et de la Chaloupe Saint-Leu depuis 16 ans.
Elle nous raconte son quotidien.
"J’ai choisi cette voie un peu au hasard des concours passés. Mais il paraît qu’il n’y a pas de hasard et j’ai eu un "coup de foudre" pour cette profession dès mon 1er jour de stage de 1re année.
Et cela m’a conforté dans mon choix professionnel."
"Réveil vers 5 heures du matin, un café noir, une douche, une blouse et c’est parti pour une journée qui se terminera vers 19h30.
Les prises de sang, les injections, les pansements, les soins d’hygiène pour les personnes dépendantes, les soins aux personnes en fin de vie, le réconfort qu’on essaie d’apporter à leurs familles... En tâchant d’avoir toujours le sourire, d’être d’humeur égale, et d’être à l’écoute de chacun.
Une pause à 13h : douche, repas vite avalé et micro-sieste indispensable
Et c’est reparti vers 15h30, jusqu’à 19H30, environ.
J’ai aussi beaucoup de tâches administratives, faites à la vite en passant au cabinet mes jours de travail, ou beaucoup plus longuement sur mes jours de repos."
Selon Dominique, le métier devient de plus en plus difficile. "Beaucoup plus de charges fiscales, beaucoup plus de tâches administratives. Beaucoup moins de reconnaissance de la part de la population et de nos instances. Beaucoup plus de responsabilités.
Et nous sommes souvent sollicitées aussi pour pallier à beaucoup de manques qui ne nous incombent pas (manque de présence familiale, documents à remplir, lecture de courrier...)"
En cette période de crise sanitaire, le stress et la fatigue règnent. "Stress supplémentaire personnel dû à la crainte d’être contaminée par le coronavirus et de ce fait, de contaminer nos familles. Sentiment de prise de risque supplémentaire.
Stress supplémentaire de nos patients, auxquels nous devons consacrer plus de temps afin de les rassurer.
Augmentation exponentielle du prix des EPI (Equipements de Protection Individuels). Pour exemple une boîte de 200 gants coûtait 10.5 euros avant la crise, je la paye aujourd’hui 38.5 euros !! Idem pour les surblouses, les masques et autres... Matériels pourtant indispensables à la prise en charge des patients COVID + et entraînant une augmentation de mes charges."
Dominique exerce dans un milieu rural et assez isolé. "Beaucoup de personnes n’ont pas forcément de moyens de locomotion et le 1er laboratoire se situe à une demi-heure de route en voiture. J’ai donc décidé de faire les tests de dépistage au cabinet, afin d’offrir ce service de proximité aux gens des Hauts et de contribuer à cette mission de Santé Publique qui est la nôtre. Pour être en conformité avec l’ARS, cela demande d’être en extérieur, sous une terrasse ou un barnum, par exemple.
Mais cela dérange les professionnels de santé voisins, "qui ont peur" et notre cabinet sera peut être amené à cesser d’offrir ce service de proximité, faute de structure extérieure adaptée.
Dans notre secteur, peu de cabinets acceptent les prises en charge des patients COVID+, et notre cabinet est souvent sollicité, entraînant effectivement une surcharge de travail et de fatigue."
Dominique aimerait pour conclure, s’adresser à ceux qui aimeraient choisir cette voie.
"Je leur dirais que c’est un métier difficile, qui demande beaucoup de capacités d’adaptation et d’aimer le genre humain. Avec plein de bons côtés et notamment dans les relations humaines. C’est un métier qui peut offrir plusieurs perspectives d’avenir différentes. Une perpétuelle remise en question ! Un vrai challenge personnel !"