De son sacre de Miss France il y a 21 ans à sa carrière d’actrice puis de réalisatrice, Sonia Rolland se confie à LINFO.re.
Avec du recul, 21 ans après son sacre, que pense Sonia Rolland de l’élection de Miss France ? "J’ai un regard très tendre sur ce concours. L’élection a changé ma vie et a permis à la petite rêveuse que j’étais à l’époque de toucher de près mes ambitions. Ça m’a donné les moyens, mais il faut travailler et batailler dur."
Pour elle, il faut aussi dépasser les idées préconçues qu’on peut avoir sur tel ou tel métier. "Oui, la télévision et le cinéma sont dominés par des hommes blancs. Mais on ne doit pas se dire que ce n’est pas un milieu pour les femmes. Je suis une femme, je suis métisse et je viens d’un milieu ouvrier. Trois raisons qui auraient pu me faire dire que ce n’était pas fait pour moi. Mais j’ai foncé. On doit saisir toutes les opportunités qui se présentent à nous", confie-t-elle.
Depuis sa couronne de Miss France, Sonia Rolland a enchaîné les rôles à la télévision, mais aussi au cinéma. En 2014, elle signe son premier documentaire, Rwanda, du chaos au miracle, pour la télévision. Elle en a signé deux autres par la suite. Marraine du Festival du film au féminin à La Réunion cette année, elle pense que ce genre d’événements qui mettent l’accent pour le travail des femmes au grand écran sont très importants.
"Il y a une carence dans le cinéma français, même si on fait partie des pays qui mettent le mieux en valeur le travail des femmes. Actuellement, on compte entre 20 et 25 % de réalisatrices en France. En dessous de 30 %, on est invisibles. Il y a encore du travail à faire. Pour le financement, les projets des femmes ont environ 40 % de financement en moins que ceux des hommes."
D’ailleurs, être une femme métisse dans le milieu du cinéma et de la télévision peut être un obstacle de plus. "Dès que vous commencez à opposer des couches, ça devient encore plus rare", souligne Sonia Rolland. Que faire pour donner plus de visibilité aux femmes et aux minorités ? "Créer des lois", répond-elle du tac-o-tac. "Malheureusement, parfois il faut imposer des choses pour qu’elles se banalisent. C’est la même chose pour les minorités visibles. Certaines personnes sont contre les quotas. Mais les quotas servent à banaliser quelque chose qui fait partie de notre vie."
Pour Sonia Rolland, les médias, la télévision et le cinéma en France ne reflètent pas la diversité française dans toute sa globalité. "On en est encore loin. Mais on ne peut que saluer le travail de personnes qui en font un cheval de bataille et œuvre pour ça", indique-t-elle.
Elle a d’ailleurs signé en 2018 l’ouvrage collectif Noire n’est pas mon métier qui dénonce le manque de diversité dans le cinéma, la télé, le théâtre en France. Depuis, même si les choses n’évoluent pas très vite, elles évoluent tout de même, selon l’actrice et réalisatrice.
"Lorsque des plateformes étrangères comme Netflix viennent tourner en France, elles imposent une diversité dans le casting. Pour eux, c’est un vrai critère. C’est intéressant de voir que c’est l’extérieur qui nous amène à réfléchir à cette problématique en France", conclut-elle.
Sébastien Naïs