Ce jeudi 18 août devait se tenir le procès pour atteinte à l’environnement, une affaire dans laquelle sont impliqués les éleveurs Myrielle N. et son frère Patrice N., mais aussi le directeur général de la Fédération réunionnaise des coopératives agricoles. Ces derniers sont accusés d’avoir déversé du lisier dans des ravines de Salazie, un geste à l’impact lourd sur l’environnement.
Dans un communiqué, la procureure Caroline Calbo revient sur les enjeux du traitement des effluents d’élevage. Le procès qui aurait dû avoir lieu ce jeudi après-midi a été renvoyé au 2 mars 2023.
"Les élevages – en particulier intensifs – sont susceptibles de créer une palette de pollutions affectant à la fois le milieu naturel (sols, eaux), la faune et la flore." En effet, l’élevage porcin, comme celui de Myrielle et Patrice N., nécessite une supplémentation en céréales des animaux d’élevage. Ces céréales peuvent être imprégnées de pesticides ou d’engrais riches en azote et en phosphore, nocifs pour l’environnement et la santé.
"Les animaux d’élevage produisent chaque jour de grandes quantités de déchets riches en azote et en phosphore. Ceci peut être une bonne chose : les déchets d’origine animale peuvent en effet servir de fumier et reconstituer le sol de certains nutriments", indique le communiqué. Ainsi, avant de devenir un engrais, le lisier doit subir différents traitements afin de diminuer les risques de pollution. C’est pourquoi "un ensemble de normes et taux régissent le fonctionnement des stations de traitements des effluents."
À Salazie, ces onze dernières années, la station de traitements des effluents Camp Pierrot n’a pas eu droit au suivi indispensable : "absence de mesures, absence de plan d’épandage, absence d’agrément pour la vente de fertilisant sous-produit animal, absence de normes du compost." Par conséquent, des pêcheurs ont donné l’alerte auprès des autorités après que du lisier ait été déversé dans les ravines Azaye, Camp Pierrot et Grand Sable. L’affaire a alors été saisie par le parquet de Saint-Pierre.
"Plusieurs infractions, au Code pénal, au code de l’environnement, au code rural et de l’urbanisme ont ainsi été relevées à l’encontre de la personne morale, mais également des dirigeants de CTEEGI : la structure apparaissait sous-dimensionnée pour traiter tous les effluents d’élevage, ce qui a conduit à des déversements sauvages des effluents porcins comme avicoles pendant des années dans les ravines autour, avec ruissellement dans les sols et les cours d’eau."
Ainsi, les éleveurs Myrielle N., Fabrice N. et Patrick Hoareau, directeur général de la Fédération réunionnaise des coopératives agricoles, doivent faire face à la justice pour avoir déversé du lisier dans des ravines de Grand Îlet, avoir épandu sur des parcelles non prévues à cet effet des effluents d’élevage non traités, avoir vendu du "compost" non normé, pour avoir défriché une parcelle en zone rouge afin d’y épandre du lisier non traité, et pour avoir poursuivi leurs activités malgré les alertes administratives.
La procureure indique que ces actes impacteront l’environnement concerné sur plusieurs décennies.
Salazie : des éleveurs face à la justice pour atteinte à l’environnement