C’est une douleur, un drame intime, souvent tabou. La perte d’un enfant avant la naissance ou dans sa première année. Un deuil complexe abordé ce mardi à l’occasion de la Journée mondiale du deuil périnatal. Depuis 10 ans l’association Nos tout petits de La Réunion accompagne ces par’anges qui ont perdu leur enfant.
L’association Nos tout petits de La Réunion, avec la collaboration du personnel du Centre funéraire du Sud, organise chaque trimestre une cérémonie d’adieu aux tout petits.
"Ça fait partie du deuil d’accompagner dignement leur tout petit pour que le processus se fasse plus sereinement. Une dizaine de familles se rassemble avec leurs amis, leurs proches. C’est un moment important pour eux, ils accompagnent jusqu’au bout et peuvent témoigner de ce qu’ils ressentent et de ce qu’ils ont à dire à leur petit. Ils partagent avec les autres parents cette même douleur, cette même peine", explique Cathy Barret, sage-femme et vice-présidente de l’association Nos tout petits de La Réunion.
Jean-René Ricquebourg, responsable du Centre funéraire du Sud de poursuivre : "Nous avons répondu favorablement à ce que ces cérémonies d’adieu en présence des mamans touchées par ce deuil très particulier."
Anne-Gaëlle Bénard
"Maman de deux enfants, Eden que j’ai perdu en 2015 et Iris que j’ai eu en 2017. J’étais enceinte d’un petit garçon, tout se passait très bien, j’étais à six mois de grossesse. Malheureusement j’ai commencé à ne plus le sentir bouger. Je croyais au départ qu’il dormait ou que c’est moi qui ne le sentais pas. Je suis allé au travail comme d’habitude sauf que j’ai fait une crise d’angoisse. Mes collègues m’ont dit d’aller voir le gynécologue pour me rassurer. Tout a basculé lors de l’échographie. Le gynécologue m’a dit que son cœur avait cessé de battre. C’est le choc, l’incompréhension puis une descente aux enfers. À l’hôpital on nous annonce qu’il faut garder l’enfant deux à trois jours le temps de faire le protocole pour arrêter la grossesse et accoucher."
Audrey Rivière
"Je suis maman de Loïc, décédé en décembre 2015 à l’âge de 4 mois et demi des suites d’une maladie génétique grave. Je suis aussi la maman de deux petits anges qui se sont envolés en 2016, également porteur de la même maladie. Je suis rentrée dans l’association début 2016 parce que j’avais besoin d’aide car j’étais en colère et malheureuse. J’ai commencé à trouver le secours dont j’avais besoin puis je suis devenue bénévole pour aider les parents dans la même situation que moi avant de devenir la présidente de l’association en 2018."
En 2015, elle perd sa fille après 7 mois de grossesse, suite à une interruption médicale de grossesse.
"C’était très difficile, avec cet enfant, on pensait aller loin. J’étais culpabilisée, pourquoi moi, est-ce que j’ai fait quelque chose qu’il ne fallait pas. Pour moi, j’étais la fautive. On l’accepte avec le temps mais on ne peut pas se remettre de ce deuil, c’est un deuil à vie. C’est très tabou. De nombreuses mères perdent leur enfant et elles ressentent de la honte Il faut garder espoir car maintenant je suis maman d’un petit Alexis de 2 ans et demi. Cette plaie est toujours là mais il faut vivre avec."