Depuis quelques jours, plusieurs internautes réunionnais se révoltent face à des offres d’emploi dans le domaine de la santé, destinées. En effet, les annonces étaient accompagnées d’une phrase d’accroche mettant en avant la beauté de l’île, laissant entendre qu’elle s’adresse aux candidats non locaux
"Envie de vous installer ou de faire des remplacements sur une île resplendissante ?" Telle était la phrase d’accroche présente sur toutes les offres d’emploi d’une agence spécialisée dans le recrutement médical et paramédical sur l’océan Indien. Les postes à pourvoir se trouvent, en effet, à La Réunion et à Mayotte et sont destinés à des candidats formés dans plusieurs spécialités : médecins, infirmiers, pharmaciens, aux préparateurs en pharmacie, secrétaire médicale, entre autres.
Plusieurs internautes réunionnais ont alors dénoncé une discrimination à l’embauche. "Voilà pourquoi nous les jeunes réunionnais nous préférons passer des concours", déplore l’une d’entre eux.
Cette affaire fait écho à une enquête menée, en mai 2021, par la Fédération de recherche TEPP du CNRS. Celle-ci a révélé qu’à compétence égale, les candidats ultramarins sont discriminés face aux candidats métropolitains. Elle fait également écho au taux de chômage élevé à La Réunion qui est de 32,9 % chez les 15 à 64 ans en 2019, d’après l’INSEE.
Ces offres d’emploi ont également interrogé un bâtonnier de La Réunion contacté par nos équipes. "Cette phrase d’accroche interroge sur la cible souhaitée et donc sur une éventuelle discrimination. En effet, on peut avoir l’impression que la recherche d’emploi se fonde exclusivement sur une population extérieure à La Réunion. Au mieux, la phrase d’accroche est maladroite, au pire, elle entre dans le coup de la loi pénale. C’est normal que les Réunionnais puissent être agacés par ce type d’annonce. L’inverse n’aurait pas été acceptable", fait-il savoir.
En effet, l’article 225-1 du Code pénal condamne "toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement de leur origine [...], de leur lieu de résidence [...], de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une Nation, une prétendue race ou une religion déterminée."
Contacté, le recruteur à l’origine de ces annonces a tenu à faire savoir que les offres d’emploi ne sont pas destinées qu’aux non-locaux. En effet, rencontrant des difficultés à embaucher, le recruteur a étendu ces annonces au-delà de La Réunion. "Dans l’année, il y a toujours une période ou deux au cours de laquelle il y a manque de main d’oeuvre dans le domaine sur La Réunion et Mayotte. Avec l’épidémie coronavirus, c’est devenu plus compliqué. On a beau sortir une soixantaine d’infirmiers et d’aides-soignants par an, ça ne suffit pas. C’est pour cette raison que j’ai essayé d’être attractif au niveau de mes annonces."
Il précise également que les embauches se font essentiellement localement et que dans certaines spécialités, il n’a d’autres choix que de se tourner vers l’extérieur. "Nous recrutons nos infirmiers uniquement localement. Ceux qui viennent de l’extérieur sont sur des spécialités rares comme les orthophonistes, les médecins ou les infirmiers de bloc opératoire", explique-t-il.
"Ces annonces sont sur d’autres sites sans cette phrase d’accroche. Au départ, elle était destinée aux offres pour les médecins. Nous devons recruter plus d’une vingtaine de médecins, nous rencontrons des difficultés. Alors, on essaye de faire en sorte de les attirer ici, d’où la phrase d’accroche qui loue la beauté de l’île. Mais elle a fini par se retrouver sur toutes les annonces. Le but n’était pas de discriminer qui que ce soit", ajoute-t-il.
Ainsi, le recruteur a fait le choix de retirer cette phrase d’accroche de toutes ses annonces et espère que les candidats locaux n’hésiteront pas à postuler. "Mon but était sincèrement de rendre mes annonces attractives, mais il est vrai que cette phrase n’avait rien à faire dans mes annonces locales", conclut-il.