Dans une nouvelle diatribe, la présidente de Sea Sheperd France, Lamya Essemlali s’attaque violemment à plusieurs associations réunionnaises, à savoir l’Océan Prévention Réunion, l’Irreverseables, ou encore Prévention Requin Réunion, les accusant d’alimenter la psychose requin, surfant sur la vague "des dents de la mer". Elle va plus loin encore, en accusant ces organismes de vouloir servir leurs intérêts personnels, notamment des intérêts financiers liés à l’industrie de la pêche.
"A la Réunion, les dents de la mer ne sont pas celles qu’on croit"
"Au temps du président Reagan, une vieille technique utilisée pour contrer les écologistes était de créer une association ou un groupement qui se présente de prime abord comme un mouvement écologiste. Par exemple, à l’époque nous avions des "Amis des Lions de Mer" et "Amis des Dauphins", les deux groupes ayant été créés et financés par l’industrie de la pêche au thon, industrie qui participe en réalité au massacre de lions de mer et de dauphins.
Aujourd’hui, à la Réunion, une variante de cette bonne vieille technique est remise au goût du jour par des associations comme OPR (Océan, Prévention, Réunion) ou PRR (Prévention, Requin, Réunion) qui se présentent comme des « acteurs du développement durable » tout en nourrissant une psychose ambiante, née des récentes attaques de requins et en militant parallèlement pour les pêches préventives (plus ou moins subtilement, histoire de ne pas trop braquer les « défenseurs des requins » récalcitrants mais aussi parce que lorsque l’on brigue subventions et adhésions, passer pour des assoifés de sang de requins n’est pas forcément l’approche la plus habile). La stratégie est donc de ratisser large et de caresser dans le sens du poil l’écologiste qui sommeille dans l’esprit de ceux qui ont peur (sentiment à entretenir absolument) et qui pourraient se laisser séduire par des pseudo méthodes de « prévention » létales des attaques, pour peu qu’on les peigne en vert en les présentant comme étant « enconcordance avec les principes du développement durable ». Mais si les premiers n’ont pas réussi à berner le public à l’époque de Régan, les seconds n’y parviendront pas non plus aujourd’hui à la Réunion.
Et pour cause, il se raconte à Saint Gilles que le fondateur d’OPR, Jean François Nativel est sortit, complètement éméché, le soir même de sa battue punitive en février 2011 pour exhiber l’aileron du requin bouledogue qu’il venait de tuer, criant à qui voulait l’entendre qu’il avait « tué le requin mangeur d’homme » en « bon père de famille qu’il est ». Nativel, via son association OPR, n’a depuis, de cesse de surfer sur la vague des « dents de la mer » avec son acolyte Christophe Perry qui pose avec lui, sourire aux lèvres, près du cadavre du squale pour la photo souvenir de l’expédition punitive relayée par les média.
Jean François Nativel, pêcheur et surfeur de son état explique que ceux qui condamnent sa démarche sont tout simplement « jaloux des surfeurs ». Il est vrai que le monde est rempli de gens frustrés qui toute leur vie, rêvent de surfer mais qui doivent se contenter de regarder les yeux plein d’envie, ceux pour qui ce rêve est une réalité. S’en suit logiquement une rancœur profonde à l’égard de ces privilégiés. Mais que dire alors des surfeurs qui le condamnent aussi ? Sans doute n’ont ils pas tout compris...
Parmi les maîtres du “ni vu ni connu je t’embrouille” et du “on ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut passer”, la palme du “greenwashing pour les Nuls” revient aux “Irreverseables”. Ce groupuscule se présente lui même comme « un groupe de citoyens réunionnais concernés par la protection de la biodiversité”, (comprendre la diversité des activités nautiques), œuvrant pour une relation "homme-nature harmonieuse". Voilà un programme séduisant. Si l’onocculte le fait que ce groupuscule est né d’une farouche opposition à Sea Shepherd, qui a dénoncé la pêche preventive des requins, on ne voit pas bien qui pourrait être en désaccord avec des objectifs aussi louables. D’autant plus lorsqu’on sait que la Réunion a choisi de mettre la Biodiversité à l’honneur en 2012.
Pour ce groupe “d’amoureux de la mer”, aucun nom n’est avancé, le choix est fait de s’exprimer sous la forme d’une nébuleuse. L’anonymat des Irreverseables se comprend mieux quand on entend que ce groupe se compose de personnes directement liées à l’industrie de la pêche, à la ferme aquacole qui est pointée du doigt comme l’un des facteurs favorisant les attaques de requins et de propriétaires de surf shops dont les affaires sont en berne en raison de la “crise requin”. Nous suggérons d’ailleurs à ces commerçants en difficulté d’en référer à Jean François Nativel qui plus que quiconque, entretient au bouche à bouche une “psychose requin” qui ne doit s’essoufler sous aucun prétexte, au risque pour son organisation OPR de perdre toute raison d’être. Et tant pis si pour qu’OPR (et PRR) survivent, il faut risquer d’entérrer le surf à la Réunion.
Pour les Irreverseables, le choix confortable de l’anonymat se comprend d’autant plus quand on les voit crier victoire et sabrer littéralement le champagne sur la toile, suggérant au moyen d’un montage photo sexuel imagé dont on vous épargnera la description détaillée, qu’ils auraient réussi à “se faire Sea Shepherd”. Ils auraient en effet obtenu, en la personne de Eladio Fernández-Galiano, (chef de l’Unité Biodiversité à Strasbourg) la bénédiction du Conseil de l’Europe pour poser des drumlines hors réserve. “Information” allègrement relayée par PRR.
En lisant la lettre qui leur sert à crier victoire, nous restons perplexes. Galiano ne fait en fait qu’énoncer la loi que nous connaissions déjà mais que les Irréverseables et PRR découvrent apparament. La réponse de Léa, classe de 4ème B, sur Zinfo 974 semble la seule à leur donner : “Personne n’a dit qu’elles étaient illégales (les drumlines), mais simplement qu’on n’en voulait pas. Enfoncer une porte ouverte n’ouvrira pas pour autant les autres”.
Florentine Leloup, Présidente de Shark Angels France qui elle aussi, a “ses entrées à Strasbourg” se fend tout de même d’un mail à Monsieur Galiano pour l’avertir que sa réponse est récupérée et montée en épingle par des gens qui n’ont apparemment pas bien compris le sens de ses propos. Celui ci lui répond :
« Le Conseil de l’Europe n’est pas en faveur -ou contre- l’utilisation des drumlines. Il appartient au Gouvernement français de choisir les solutions et méthodes qui lui semblent les plus appropriées ».Trop tard, pensant s’être adressés au bon interlocuteur, les Irreverseables ont déjà sabré le champagne.
Mais surtout, Monsieur Galiano ajoute :
“Concernant le cas du Requin bouledogue à la Réunion, je me demande s’il ne serait pas judicieux d’examiner en détail d’autres cas similaires d’attaques excessives de requins qui ont eu lieu au Brésil et en Somalie. Dans ces cas, les solutions choisies (avec des résultats encourageants) ont été de supprimer des activités industrielles qui provoquaient des rejets de substances organiques à la mer. »
Aie... les regards se tournent notamment vers la ferme aquacole et les pratiques de certains pêcheurs. Les dents doivent grincer chez les Irreverseables."