Le mouvement Christ Embassy est considéré comme une secte par les organismes de lutte contre ces dérives. Si son nom ne vous dit rien, il compte de nombreux adeptes à La Réunion. Sa doctrine reposerait principalement sur les dons financiers des fidèles. Le pasteur qui a implanté cette église chez nous et qui veut la développer se défend de ce type d’accusation.
Christ Embassy possède des lieux de rassemblement à Saint-Denis ou à la Plaine des Cafres. Lors des célébrations, les prières sont retransmises sur Facebook et YouTube. Sur les murs, il n’y a pas de reliques ou de crucifix, seule la photo du fondateur du mouvement est présente.
"Quand on nous demande de nous prosterner devant un morceau de bois avec une statue dessus, cette statue a été faite par la main de l’homme. Qui peut dire que la personne sur la statue est bien Jésus ? Personne ne l’a vue", confie une croyante.
Pourtant Christ Embassy fait l’objet d’une saisine de la part de la Mivilude, organisme chargé de veiller aux dérives sectaires, et n’est pas reconnu par le diocèse de La Réunion. "Mgr Gilbert Aubry a averti nos fidèles sur le danger de ce mouvement en 2020. Je garde la même position, ce mouvement ne correspond pas aux intentions de Dieu", explique Mgr Pascal Chane-Teng, évêque de La Réunion.
Implanté depuis une dizaine d’années à La Réunion, le pasteur Pierre a importé le courant religieux sur l’île pour convertir les Réunionnais. Il répond aux accusations sectaires. "L’homme non éduqué voit la secte de manière péjorative, mais l’Église catholique est une secte. C’est un regroupement de personnes qui croient à une même doctrine et qui ont un même mode de fonctionnement. Notre mode de fonctionnement c’est la bible, je dirai que nous sommes une secte de Jésus Christ. Avoir une place auprès de Jésus dépend de comment tu as aimé ton prochain et non pas en fonction de combien d’argent tu as donné".
Rémy a vu son frère entrer dans cette secte et s’appauvrir au fil des dons à répétition. Il l’assure, son frère est actuellement sous emprise. "Officiellement, on donne 10% de ses revenus à cette secte, mais ça ne suffit pas, ensuite on vous réclame encore de l’argent. D’après ce que je sais, on lui a déjà spolié une somme aux alentours de 100 000 euros. Quand je parle à mon petit frère, le pasteur est derrière et lui dit quoi me répondre. J’essaie de le sortir de cette secte, mais je n’arrive pas. Je suis désespéré"
Chris Oyakhilome est à l’origine de cette Église. Il est l’un des pasteurs les plus célèbres d’Afrique. À 60 ans, le Nigérian a développé son Église qui rassemblerait plus de 5 millions de membres dans 145 pays. Chris Oyakhilome est accusé d’escroquerie par le gouvernement nigérian.
"Il fait partie des pasteurs les plus influents d’Afrique. Il fait campagne pour dire que plus on donnera d’argent à son mouvement, plus on aura une bonne place au paradis. On appelle cela la théologie de la prospérité", explique Serge Fabresson, Président de l’association de défense des familles et de l’individu victime de sectes (AFDI).
En France, il reste pourtant difficile de réprimer ces mouvements. Le terme de secte n’est pas défini juridiquement, la République assurant la liberté de conscience et le libre exercice des cultes.