Des essais pilotes de lâchers de moustiques mâles stériles, au sol puis par drone, ont démarré à Saint-Joseph, dans le but de réduire, voire d’éliminer localement, les populations d’une des espèces de moustiques vectrices de la dengue.
Ces lâchers de moustiques stériles, s’inscrivent dans le cadre des projets européens, qui visent à optimiser la lutte contre les insectes nuisibles en utilisant une Technique de l’Insecte Stérile (TIS) dite "renforcée".
C’est la première fois que la TIS renforcée et l’utilisation de drones pour les lâchers de moustiques mâles stériles est testée sur le terrain en zone urbaine.
Ces essais pilotes visent le vecteur historique de la dengue et du Chikungunya à La Réunion : Aedes aegypti.
"Deux sites d’étude sur le littoral de la commune de Saint-Joseph ont été ciblées car les populations d’Aedes aegypti y sont isolées, ce qui permet d’espérer leur élimination locale", explique Jérémy Bouyer, entomologiste au Cirad et coordinateur du projet Revolinc.
Une première phase de marquage-lâchers-recapture a démarré en avril : durant cette phase de six lâchers, 10 000 moustiques mâles stériles sont lâchés par semaine, afin d’estimer leur survie, leur dispersion et leur compétitivité sexuelle avec les moustiques sauvages. Deux techniques de lâcher sont testées : au sol puis par drone.
La meilleure technique de lâcher sera sélectionnée durant la deuxième phase de lutte, qui aura lieu après une restitution aux élus et aux habitants de la commune de Saint-Joseph, ainsi qu’à l’Agence Régionale de Santé (ARS) et au Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst).
Cette phase correspondra au lâcher de 50 000 mâles stériles par semaine.
Des équipes de la mairie de Saint-Joseph et du Cirad ont informé, en porte à porte, durant deux semaines en amont de l’opération, les près 200 foyers riverains de l’opération.
Ces essais sont complémentaires de ceux de l’IRD qui visent à contrôler le vecteur principal de la dengue, Aedes albopictus, sur la commune de Sainte-Marie.
Le projet Revolinc vise à démontrer que la TIS renforcée permet d’éliminer localement un vecteur relativement isolé comme c’est le cas d’Aedes aegypti à La Réunion. L’objectif est d’éviter la recolonisation des niches écologiques d’Aedes albopictus par Aedes aegypti. " Si ces essais sont concluants sur des populations localisées d’Aedes aegypti, cette solution pourrait alors être déployée à plus grande échelle", précise Jérémy Bouyer.
Le bilan de ces essais pilotes sera dressé et restitué en août à l’ensemble des acteurs concernés. S’il est positif, l’approche TIS renforcée et l’utilisation de drones pourraient être déployées à plus long terme contre Aedes albopictus à La Réunion.