L’avocate et ancienne députée Gisèle Halimi, qui a consacré sa vie à la cause des femmes et au droit à l’avortement, est décédée mardi, au lendemain de son 93e anniversaire, a annoncé sa famille.
"Elle s’est éteinte dans la sérénité, à Paris", a déclaré à l’AFP l’un de ses trois fils, Emmanuel Faux, estimant que sa mère avait eu "une belle vie".
Gisèle Halimi est une grande figure féministe. Particulièrement connue pour avoir fondé aux côtés de Simone de Beauvoir et Jean Rostand le mouvement "Choisir la cause des femmes".
Elle a milité en faveur de la dépénalisation de l’avortement.
Gisèle Halimi fut également une avocate de renom, en obtenant notamment en 1972 la relaxe pour Marie-Claire, une jeune fille de 16 ans qui avait avorté après un viol.
Elle ouvre ainsi la voie à la dépénalisation de l’avortement, début 1975, avec la loi Veil.
La défense médiatisée qu’elle mène auprès de deux jeunes femmes victimes d’un viol collectif en 1978 contribue également à l’adoption d’une nouvelle loi définissant le viol et l’attentat à la pudeur comme des crimes, et non plus comme des délits.
Députée de l’Isère à l’Assemblée nationale de 1981 à 1984, ellea mené plusieurs combats, dont le remboursement de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), voté en 1982.
Gisèle Halimi a mené une carrière d’écrivain.
Olivier Hoarau, maire du Port
Nous apprenons à l’instant le décès de Gisèle Halimi, l’avocate la plus célèbre de France. Cette défenseuse passionnée de la cause des femmes, par son combat dans son Tunis natal dont elle voulait, disait-elle, « se sauver », s’émanciper de sa condition de femme.
Cette militante féministe, avocate de génie souvent « irrespectueuse de l’ordre établi », avait franchi le pas de l’engagement politique au-delà de sa robe d’avocate. Au début des années 70, elle s’était impliquée en faveur du droit à l’avortement et du libre accès aux contraceptifs. Ses victoires judiciaires avaient contribué à faire évoluer les mœurs vers la loi Veil sur l’IVG.
Députée lors du premier mandat de François Mitterrand, elle était ensuite devenue ambassadrice de la France auprès de l’UNESCO.
Dans les années 70, elle était venue en visite à La Réunion pour apporter son soutien au Parti Communiste Réunionnais en compagnie de George Kiejman et de Marie-France Pisier. Forte de ses valeurs humanistes universelles et de ses victoires en faveur de la dignité humaine, sa présence offrait une légitimité aux revendications d’égalité sociale portées à l’époque.
C’est une très grande dame qui nous quitte. Je m’associe à la douleur de ceux qui l’ont connue et je présente mes sincères condoléances à ses proches. Nous devrons continuer son combat pour plus de justice sociale et de lutte contre les violences faites aux femmes.
Huguette Bello, maire de Saint-Paul
C’est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès de Gisèle Halimi, grande figure féministe qui a beaucoup œuvré pour la cause des femmes. Nous lui devons beaucoup. Son courage a été exemplaire. Je ne citerai que 2 exemples qui ont marqué les luttes du 20ème Siècle : Elle a été la seule avocate à braver les sanctions déontologiques du Barreau, en signant en 1971 « le Manifeste des 343 » femmes déclarant avoir avorté et réclamant le droit à l’accès aux moyens de contraception et à l’avortement. En 1972, en refusant de demander pardon au nom de sa cliente jugée pour avortement clandestin, en obtenant son acquittement, Gisèle
Halimi fait le procès de la loi liberticide de 1920 sur l’avortement et marque une étape importante dans la longue marche des femmes vers la légalisation de l’avortement qui aura lieu en 1975.
Fondatrice avec Simone de Beauvoir du Mouvement féministe « Choisir la cause des femmes », fondatrice de l’association alter mondialiste ATTAC, Gisèle Halimi a été une militante constante et acharnée des droits des femmes et des libertés fondamentales mais aussi des droits des peuples : elle a dénoncé les atrocités perpétrées en Algérie, au Vietnam.
Nous lui sommes reconnaissantes de toutes les luttes qu’elle a menées. Que son exemple inspire les nouvelles générations ! Nous adressons nos sincères condoléances à ses proches.
Union des Femmes Réunionnaises
Gisèle Halimi s’est éteinte ce mardi 28 juillet 2020 et l’Union des Femmes Réunionnaises s’incline respectueusement devant cette combattante admirable de la cause des femmes. Nous adressons à sa famille et à ses proches nos sincères condoléances.
Nous lui devons tant. Elle fut une grande pionnière des droits des femmes, l’avocate qui porta la question du droit des femmes à disposer de leur corps dans le débat public, juridique et politique.
Nous lui témoignons une immense reconnaissance pour son engagement sans faille au nom de toutes les femmes. Elle fut celle qui dénonça l’injustice et la violence de la société à l’égard des femmes. Sa contribution dans le combat pour la légalisation de l’avortement et la criminalisation du viol futess entielle et décisive. Elle marque pour toujours l’histoire du féminisme du 20ème siècle.
Elle fut une ardente défenseure des droits et des libertés fondamentales. Elle s’est élevée contre la torture et la barbarie perpétrées contre les peuples dans le monde.
L’UFR rend hommage à son courage et à sa détermination exemplaires qui demeurent un modèle et une inspiration pour préserver ces libertés durement acquises et pour porter les luttes qui encore restent à mener.
Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis
J’ai été émue à l’annonce de la disparition de Gisèle Halimi.
Son nom n’est pas seulement associé à la lutte en faveur des droits des femmes, son nom l’incarne.
Avocate infatigable des droits des femmes, militante déterminée, c’est elle qui a notamment ouvert la voie à la légalisation de l’avortement et à la reconnaissance en 1980 du viol comme étant un crime.
Le droit des femmes à disposer de leur corps et de leur féminité librement n’a jamais été un principe naturel, c’est le résultat d’une lutte longue, difficile, souvent violente, brutale et hélas parfois tragique à l’encontre des femmes.
Gisèle Halimi aura été avec ses sœurs de combat, Simone de Beauvoir, Simone Veil et tant d’autres anonymes, une militante dont l’engagement ne s’est jamais essoufflé.
À une époque où les droits des femmes sont plus que jamais des questions essentielles de société, l’action et la vie de Gisèle Halimi doivent inspirer chacune mais aussi chacun d’entre nous.