Lors du Congrès annuel de l’ADF, le Président Cyrille Melchior, Président de la Commission Outre-mer et membre du bureau de ADF, s’est exprimé devant les élus départementaux de toute la France, sur la situation particulière que vivent les territoires ultramarins, dans un contexte compliqué, exacerbé par la crise sanitaire.
Le Président Cyrille Melchior s’est exprimé lors du Congrès annuel de l’ADF. Un message d’apaisement a été lancé, mais aussi un rappel des spécificités qui rendent nos territoires plus complexes à appréhender. Président de la Commission Outre-mer et membre du bureau de ADF a réaffirmé avec force l’attachement viscéral de la très grande majorité des Réunionnais à la Départementalisation, à la France et à l’Europe.
« Je souhaiterais tout d’abord exprimer tout mon soutien à nos populations ultramarines qui souffrent de cette crise qui nous frappe. J’espère notamment que nos amis antillais vont retrouver un climat apaisé, et des réponses aux problèmes qu’ils ont posés.
En tant que Président du Conseil Départemental de La Réunion, je souhaite également profiter de cette tribune qui m’est offerte, ici à l’ADF, pour réaffirmer devant vous et avec force l’attachement viscéral de la très grande majorité des Réunionnais à la Départementalisation, à la France et à l’Europe.
► J’aimerais ici, à l’ADF, proposer une méthode, une démarche rationnelle, qui consiste à mettre en œuvre les projets utiles et prioritaires pour nos territoires ultramarins et pour leur développement.
En tant que Président de la commission outre-mer, je vais donc, dans les jours qui viennent, adresser un courrier à mes collègues Présidents des autres territoires ultramarins leur proposant de réfléchir ensemble :
A la lutte contre la Vie Chère
Depuis de nombreuses années, les rapports se succèdent sur les raisons du différentiel de coût de la vie entre les DOM et la métropole. Les lois se succèdent aussi, chacune d’entre elles tentant de rendre les pratiques commerciales plus loyales et d’améliorer le caractère concurrentiel du marché.
Mais rien n’y fait vraiment, la situation est bloquée, et des pans entiers de la population (dont particulièrement les personnes du grand âge) en souffrent quotidiennement… Il est triste de voir que dans nos territoires, autant de personnes aient encore du mal, en 2021, à subvenir à leurs besoins essentiels. Nous ne pouvons nous y résoudre.
Pourtant, les rapports qui se sont succédés ont eu le mérite de montrer que le coût du transport n’était pas la cause essentielle de ce surcoût, loin s’en faut, mais que la véritable cause se situait plutôt au niveau de marges en cascades, pratiques par ailleurs tout à fait légales.
A titre d’exemple à La Réunion, une seule mesure a eu un effet sur la vie chère, mais hélas à un niveau modeste : le bouclier qualité prix, un outil qui permet de limiter les prix sur une liste de plus de 150 produits courants.
Néanmoins, c’est une méthode, plus complète, que je souhaite engager : travailler sur l’élargissement de ce bouclier à d’autres biens et services pour lesquels il existe un différentiel « anormalement élevé » avec la métropole (énergie, automobiles, ciment, vêtements, internet etc.) ; et une préférence pour les produits locaux dès que cela est possible. Le développement de la production locale, dans tous les domaines, doit être notre priorité !
Ou encore à la sécurité alimentaire
Le maintien de l’activité agricole est majeur pour la sécurité et le bon fonctionnement économique et social de nos territoires d’Outre-mer. Si le secteur agricole a réussi à trouver des solutions de repli face à la crise avec la mise en place de circuits courts ou l’utilisation de nouveaux produits par les industries agroalimentaires, il s’agit maintenant de l’accompagner afin d’éviter d’alourdir les pertes et renforcer la sécurité alimentaire.
A raison de dizaines de milliers d’emplois directs pour un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de millions d’euros, l’agriculture est un secteur d’activité clé pour les ultramarins, tant sur le plan stratégique qu’économique. Ce fort soutien au secteur agricole doit permettre le renforcement de la sécurité alimentaire de façon durable. La mise en place de mesures spécifiques est indispensable pour améliorer l’aménagement agricole, la structuration des filières de production et l’accès à l’emploi.
A l’accompagnement et l’hébergement des personnes âgées et dépendantes
En faveur du « grand âge » et des personnes en situation de handicap, nous devons aller encore plus loin car dans nos territoires, le taux d’équipement reste très faible et très inférieur à celui de la Métropole. L’État devra nous accompagner et créer plus de structures notamment des EHPAD "hors les murs" en développant la mixité de nos publics.
Nous devons aussi encourager le maintien à domicile, conforme à notre solidarité familiale, développer des modes d’accueil innovants notamment intermédiaires entre le domicile et l’établissement au sein par exemple de MAF (Maison d’accueil familial). Ces MAF qui offrent un cadre de vie sécurisant et chaleureux en regroupant dans un local dédié entre 2 et 4 accueillants familiaux qui assurent l’accueil de personnes âgées ou en situation de handicap.
Les chantiers sont nombreux pour atteindre une véritable égalité réelle entre la France hexagonale et les outre-mer, mais j’ai confiance en notre capacité commune à œuvrer pour une société plus fraternelle et plus juste, et dans l’objectif unique qui nous rassemble d’un développement économique, social et humain de nos territoires d’Outre-mer. »