Avec la crise sanitaire, le confinement et les restrictions… il devient difficile pour certains personnes de sortir de leur bulle. Certains même éprouvent un sentiment d’anxiété, voire même de dépression.
Quels sont les facteurs associés à l’état dépressif ? Les Réunionnais en sont-ils affectés ? Est-ce que la crise sanitaire accentue ce sentiment ?
Pour des professionnels de la santé, la période actuelle que nous vivons peut accentuer ces situations où les personnes sont plus fragiles.
Contactée, Florence Ah-Voune, psychologue, psychothérapeute voit une certaine augmentation des inquiétudes chez ses patients.
"Ce que je constate auprès de mes patients, c’est l’augmentation de leurs inquiétudes, de leur anxiété, du fait de la durée de la crise. D’une part, les autorités (gouvernementales et scientifiques) ne parviennent pas à trouver de solutions notables et/ou durables (parce qu’il n’y en a pas). D’autre part, il règne une incertitude quant aux délais de sortie de crise et de retour à la normale. Tout cela ne permet pas que leur anxiété se résorbe.
En outre, la diminution et le changement dans les relations sociales privent les patients des sources de plaisir et de coping (stratégies d’adaptation au stress) habituels. De même, quant aux restrictions de sorties, de rassemblements ludiques, culturels et familiaux. D’ordinaire les "petits plaisirs du quotidiens" permettent d’équilibrer l’état émotionnel, mais la crise en prive la population.
La combinaison de l’ensemble de ces éléments (inquiétudes qui durent et diminution des sources de plaisir, de soutien et de réconfort) porte atteinte au moral des patients. L’augmentation des syndromes dépressifs n’a donc rien de surprenant."
"Je note que les risques psychosociaux ont augmenté dans les secteurs à la fois privés et publics. C’est à dire que les phénomènes tels que le harcèlement et la surcharge sont en augmentation. Les tensions ambiantes sont alors manifestes, avec pour conséquence des états d’épuisement professionnel avec dépression rédactionnelle associée.
Je peux compter cette année six demandes pour des difficultés liées aux surcharges et aux tensions relationnelles dans le cadre professionnel", nous explique Frances Coates Ruet, psychologue clinicienne, psychothérapeute.
Pour Sabrina Sledzianowki, psychologue à Saint-Denis, "il y a une hausse des angoisses, de l’anxiété. Pour y remédier, nous avons recours aux thérapies cognitives et comportementales (TCC). Des types de thérapie qui montrent leur efficacité pour plusieurs troubles, notamment l’anxiété et la dépression.
Concernant les patients qui souffrent de dépression, on les accompagne, on leur explique la maladie et on leur donne des pistes pour améliorer leur humeur. On met en place une reprise progressive de l’activité. En effet, avec une dépression, certaines activités de la vie quotidienne deviennent plus compliquées à réaliser. On planifie avec le patient des petits objectifs réalisables et adaptés à la situation actuelle. Lorsqu’une personne souffre de dépression, elle aura tendance à percevoir les évènements de façon plus négative et aura plus de difficultés à repérer les petites choses positives du quotidien, ce que nous travaillons en thérapie."