Une dizaine de cas de recombinants BA1 et BA2 ont été observés à La Réunion. Ces sous-variants n’ont pas de sévérité plus importante que leurs parents. La prudence reste, quand même, de mise d’autant plus que l’émergence de maladies infectieuses ne vont pas s’arrêter d’aussitôt.
"Nous devons continuer à nous préparer à de nouvelles émergences de maladies infectieuses. Celles-ci sont liées directement au changement climatique. Avec la hausse des températures, il faut nous attendre à un accroissement de ces maladies" affirme Patrick Mavingui, directeur de recherche au centre national de la recherche scientifique (CNRS) et chercheur en maladies infectieuses à l’Université de La Réunion. Il intervenait ce mercredi 4 mai dans le journal télévisé de la mi-journée d’Antenne Réunion.
Selon le chercheur, les maladies vectorielles, comme la dengue, vont s’étendre en termes de territoires géographiques, mais aussi en termes de périodicité. Les épidémies risquent de s’installer de façon permanente et ne seront plus interrompues en raison des changements du climat.
Avec la hausse des températures, impact direct du changement climatique, les vecteurs tels que les moustiques vont s’adapter. De plus, on n’aura plus d’hiver assez froids. De telle sorte que l’on n’aura plus d’interruption dans les épidémies de dengue qui deviendront permanente sur le territoire. On parle alors d’endémie.
La prudence reste, donc, toujours de mise. “On n’en a pas fini avec le covid. D’autant plus, qu’il y a des émergences qui ne vont pas s’arrêter parce que 75 % des agents infectieux qui nous infectent viennent de l’animal. Nous devons continuer à nous préparer à de nouvelles émergences”, explique Patrick Mavingui.
Répondant à une question de Laura Chateau de savoir si le virus serait moins dangereux avec le temps ainsi que l’émergence des recombinants à La Réunion, Patrick Mavingui explique que ce qui a été vu dans la virologie et l’adaptation, c’est que plus un virus se transmet, moins il devient virulent pour pouvoir se diffuser dans la population et, en effet, moins il entraîne le décès de ses hôtes.
Selon Patrick Mavingui, les sous-variants qui circulent le plus à La Réunion sont ceux d’Omicron, à savoir, BA1 et BA2. Les recombinants de ces sous-variants ont généré, à l’heure actuelle, une dizaine de cas observés par une enquête aléatoire au CHU de La Réunion et au laboratoire de l’Université de La Réunion.
Ces recombinants restent plutôt rares. Car, cela nécessite d’être en présence de sous-variants qui sont transmis à des taux élevés et, aussi, d’infecter la même personne et de se retrouver dans la même cellule pour générer un recombinant.
“En termes épidémiologiques, ces sous-variants n’ont pas de sévérité plus importante que leurs parents”, précise le directeur de recherche du CNRS. “Il est aussi à noter que l’arsenal médical développé par la médecine marche tout aussi bien sur ces recombinants”, poursuit-il.
Il est à rappeler que les nouveaux variants sont dû aux mutations. Dans certaines conditions, des variants qui sont proches vont générer des sous-variants proches. Si ces derniers se retrouvent chez un même individu, et dans une même cellule, il peut y avoir des possibilités pour ces derniers de se recombiner et de générer une nouvelle qu’on appelle des recombinants.
Patrick Mavingui indique qu’il nous faut continuer à respecter les gestes barrières quand il est nécessaire même s’il n’y a plus l’obligation du port du masque depuis plusieurs semaines car les risques sont toujours réels.
Même si la population Réunionnaise est protégée, elle reste encore fragile car on a des situations de comorbidité avec les maladies métaboliques, des maladies infectieuses provoquant des co-infections ainsi que le diabète et les maladies cardiovasculaires.