Ce mercredi 9 juin, le Préfet Jacques Billant prend la parole face aux Réunionnais et Réunionnaises à propos de la crise épidémique qui frappe La Réunion.
Jacques Billant prend donc la parole ce mercredi, à l’issue d’une réunion de sécurité et de l’entretien hebdomadaire avec les 24 maires de l’île.
"Nous sommes dans un plateau haut avec un taux d’incidence qui oscille autour des 135 cas pour 100 000 habitants. Si une légère amélioration se dessine, notre situation est une des plus dégradée de France et notre couverture vaccinale est encore faible. 22 % sont vaccinés contre 42 % en métropole (1 dose).
Nous avons réussi à empêcher l’emballement mais nous avons du mal à faire baisser la circulation du virus.
La situation est contrastée d’un point de vue épidémiologique", explique le Préfet.
"Cette situation doit nous amener à adopter une stratégie adaptée, entre la reprise d’une vie normale et la maîtrise d’une crise sanitaire. Nous voulons limiter la prise de risque qu’impliquent les contacts sociaux.
Compte tenu de la fragilité de la situation, nous ne pouvons pas nous permettre de desserrer les mesures en même temps. Ce sera une politique de petits pas.
Sur le plan économique, notre territoire a échappé à la violence du choc et affiche un taux de croissance positif. La Réunion arrive en tête avec une croissance de +2,2%. C’est là notre travail commun, grâce à la discipline de chacun et chacune d’entre nous."
"J’ai conscience que derrière ce chiffre se cachent des situations entrepreneuriales diverses. Aujourd’hui je fais le choix de la confiance en veillant au maintien des protocoles et gestes barrières.
Je décide donc de rouvrir dès le 15 juin, si la situation sanitaire s’améliore, la très grande majorité des établissements recevant du public, à l’exception des discothèques (salle polyvalente, salle de sport, restaurant et reprise des sports de combat et de plein air). Cela se fera avec une jauge qui demeurera entre 30 % et 50 % de l’effectif de référence et dans la limite de 300 personnes.
La plupart des contaminations se font dans la sphère privée et le travail.
Le couvre-feu maintenu à 21 heures et le télétravail sera la norme pour les entreprises qui le peuvent.
Cela n’annonce pas la fin des précautions, de l’épidémie. Notre stratégie de désescalade doit être prudente, proportionnée, cadrée et cela repose sur le sérieux et la responsabilité de chacun d’entre nous."
"Cette 3e étape ne sera pas la dernière. En fonction de la situation, il y aura 2 autres étapes :
Augmentation des jauges d’accueil et recul du couvre-feu et levée des mesures de restrictions. Ces mesures seront réversibles en cas d’aggravation de la situation épidémique. Cette stratégie repose donc sur la campagne de vaccination, meilleure protection contre le virus."
"En dépit des quelques améliorations, l’ensemble des indicateurs converge pour traduire une situation préoccupante et insatisfaisante.
Progression encore et toujours de la transmission du virus chez les plus jeunes (- de 45 ans) et un potentiel de contagiosité important. Une personne contaminée peut en moyenne en contaminer une autre. De fait, on voit qu’aujourd’hui c’est ¼ des personnes contacts à risque qui sont devenues contaminées à leur tour.
Le contact-tracing qui nous a permis de casser les chaînes de transmission est moins performant car le variant sud-africain est plus contagieux et que beaucoup de personnes ne respectent plus l’isolement qu’elles devraient.
Occupation des lits de médecine et de réanimation qui reste trop importante car il y a beaucoup de besoins d’hospitalisation.
En moyenne, on a à devoir hospitaliser en réanimation pour Covid entre 20 et 30 Réunionnais qui représentent plus de 30 lits occupés.
On a une occupation supérieure à 30 lits, ce qui est beaucoup car plus de la moitié de la capacité initiale des lits disponibles sur l’île.
Nous ne pouvons faire face qu’en augmentant le lit de réanimation et on ne peut le faire qu’au prix du travail des soignants et renforts que nous demandons au national. Depuis quelque temps, compte tenu des difficultés dans les autres régions, nous avons moins de renforts que nos demandes.
Les lits de réanimation on en a besoin pour les Covid et les autres urgences vitales.
65 décès en une semaine dont 1 sur 2 avait moins de 65 ans."
"Ma responsabilité est de vous dire qu’on ne peut se satisfaire de cette situation qui s’installe. Dans ce contexte, la manière dont la vaccination se déploie est fondamentale. L’ARS peut se satisfaire des progrès accomplis ces dernières semaines car nous sommes passés de 19 000 à 36 000 injections de vaccin par semaine. Je remercie donc les 186 000 Réunionnais qui ont fait la démarche de s’engager dans le processus de vaccination, soit un Réunionnais sur 3 de plus de 18 ans.
On a tous une bonne raison de se faire vacciner.
Les efforts ne suffisant pas à garantir la protection de l’ensemble des Réunionnais.
Force est de constater que même les populations fragiles et vulnérables ne sont pas suffisamment protégées, en particulier les hommes qui se prêtent moins à la vaccination alors qu’ils sont plus vulnérables aux formes sévères, je parle également des personnes âgées de plus de 65 ans. Je veux parler des personnes atteintes de pathologies chroniques. Je veux parler des personnes atteintes d’obésité sévères, des insuffisants respiratoires, insuffisants rénaux.
Je tiens donc à m’adresser aux indécis, qui reconnaissent vouloir attendre. Je me permets de leur dire qu’il ne semble pas qu’il y ait de bonne raison pour attendre. Parce que la transmission du virus ne disparaîtra pas par magie et ne ralentira pas sous l’effet des conditions climatiques. L’immunité collective n’est pas à portée de main à La Réunion.
À ceux qui doutent, je rappelle des arguments objectifs, le génome du coronavirus était déjà connu. La technologie de l’ARN Messager était déjà connue. Les protocoles de recherche indispensables ont pu se mener plus rapidement que précédemment car il y avait beaucoup de volontaires pour se prêter aux essais cliniques.
Il ne me semble pas qu’il y ait de bonne raison pour attendre mais de bonne raison pour agir ensemble et collectivement.
Avec le recul permis par des mois de vaccination, tous s’accordent à dire que la baisse de la transmission du virus est rendue possible par la vaccination. À La Réunion depuis mai, le nombre de nouveau cas diminue régulièrement chez les moins de 65 ans.
Agir rapidement, car plus vite on peut se protéger contre la souche originelle et les variants, plus vite on se prémunis du risque de voir apparaitre d’autres variants. Oui on est dans une course de vitesse contre le développement et les mutations du virus.
Pour conclure, il n’est pas possible de banaliser les effets de cette situation.
Je rappelle aussi le sens des responsabilités collectives pour que le mode de vie quotidien permette le freinage de la circulation du virus.
Je voudrais terminer mon propos pour vous dire à quel point, qu’en tant qu’autorité sanitaire, nous sommes préoccupés aussi sur la situation de la dengue, plus virulente et méchante dans ses effets que les années précédentes. C’est un combat collectif."