La vie de Mathieu Schiller s’est arrêtée le lundi 19 septembre 2011, suite à une attaque de requin. Le jeune homme était un bodyboardeur expérimenté et très apprécié.
10 ans déjà ! 10 ans déjà que Mathieu Schiller a perdu la vie lors d’une attaque de requin à Boucan-Canot.
10 ans après... sa soeur Aurélie essaye tant bien que mal de faire son deuil.
"10 ans après, j’ai toujours du mal à croire que c’est vrai parce qu’il faut savoir que mon frère, c’est le seul qu’on n’a jamais retrouvé. Il m’arrive parfois de rêver un peu et de me dire que ce n’est pas vrai cette histoire, qu’il va sonner à la porte, qu’il va passer un Noël avec nous.
Cela m’arrive parfois de rêver que tout soit faux mais la réalité est terrible. C’est qu’il a été attaqué en plein jour par plusieurs requins à 30 mètres du bord, là où on allait nager quand on était gamin, à nager avec les poissons. Je reste pleine d’interrogations parce que les questions que je me suis posées il y a 10 ans restent encore en suspens. Le pourquoi du comment c’est arrivé."
"Mon deuil il n’est pas terminé, il est même pas fait. J’aimerais comprendre, savoir pourquoi. Il y avait des règles, pas aller à l’eau au coucher du soleil, au lendemain de cyclone... ; mais le jour où il s’est fait attaquer il faisait beau.
Il y avait des vagues, certes mais c’était sur la plage où tout le monde va. Il était 14h30. Il n’y avait aucune raison pour que cela se passe mal. Et il a été attaqué par plusieurs requins, ça aussi c’est une question. Pourquoi deux espèces de requins sur lui ?"
"À l’époque j’avais exprimé de la colère car j’en avais marre qu’on culpabilise les victimes et les familles de victimes.
J’en avais marre qu’on prenne du temps à inverser la tendance et se dire il y a un problème, pourquoi il y a ces requins-là ?
La colère aujourd’hui s’atténue parce que des baigneurs ont aussi été touchés, des kayakistes… On a arrêté de se focaliser sur le surfeur et surtout on a peut-être pris conscience que le surfeur est en première ligne donc forcément les premiers appâts c’est eux et s’ils n’étaient pas là les appâts se seraient les baigneurs et les personnes en masques et tubas.
Ma colère 10 ans plus tard est aussi que je trouve anormal que sur une île on ne puisse pas bénéficier de l’océan. Ce n’est pas juste qu’on ait pas trouvé de solution."
"À l’époque, l’association faisait campagne avec des visuels chocs, visant les surfeurs.
Je leur en veux à cette association de soi-disant défense des espèces d’avoir utilisé le nom de mon frère pour propager leur haine envers les surfeurs.
Cela m’a fait de la peine, à moi à ma famille. Je trouve ça petit d’utiliser le nom des gens pour faire de la propagande."
"Malheureusement non, je ne vois pas comment… Mon frère était champion de bodyboard, professeur, il connaissait la mer, les risques, je ne vois pas comment.
S’il a été surfer ce jour-là à 14 heures c’est parce qu’il pensait être en sécurité au large de Boucan Canot. Lui n’aurait jamais soupçonné être attaqué à ce moment-là. Après comme partout le risque zéro n’existe pas. Mais à cet endroit-là on y a grandi et Il n’y a jamais eu de problème."
"Malheureusement c’est partout pareil. Comme un virage qui va s’avérer dangereux. Ce qui se passe c’est que quand mon frère a été attaqué, c’était une personnalité qui en est morte et là on s’est dit peut-être il doit y avoir un problème.
Les craintes qu’on avait avant se confirmaient là. Et là des choses ont commencé à être mises en place. Mais là aujourd’hui je reste frustrée car je n’ai pas de réponses. Tant que je n’aurais pas de réponse je me battrais pour mon frère et ceux qui sont partis. Notre douleur on l’a porte tous les jours. Le but pour moi est de retrouve un équilibre qui permettra aux hommes et aux poissons de pouvoir cohabiter ensemble à nouveau."
"Le matin même nous étions sur la plage de Boucan il faisait beau. Et je le suppliais de venir avec nous à Trois-Bassins et il m’avait dit on a le temps faut que je prépare cette compétition. On l’a laissé en lui disant à ce soir.
Puis il est parti avec son sourire, un homme heureux, fière de transmettre son amour pour la mer et après il y a eu l’accident.
Ce qui me rassure c’est qu’il est parti dans son élément, dans ses vagues, dans l’océan qu’il aimait tant. La seule chose qui pourrait me faire du bien c’est de retourner se baigner à La Réunion. Pour moi ce serait une manière de faire mon deuil."
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