Le 15 juin 2011, un bodyboarder de 31 ans, Eddy Aubert a perdu la vie sur le spot de Ti Boucan après avoir été attaqué par des squales.
Eddy Aubert, 31 ans, a été victime il y a dix ans d’une attaque de requin.
Mordu à plusieurs reprises, au bras, à la jambe et à la hanche par un ou plusieurs requins, ce Saint-Paulois habitué du lieu, n’a pas survécu à ses blessures. Sa mère, Annick Lamendour, témoigne.
"Je survis. Il manquera toujours qu’un à table les jours de fête. On essaie d’avancer. C’est sûr que les premiers temps étaient beaucoup plus durs avec les mois et années qui passent et après cela s’attenue.
Auparavant la dernière chose à laquelle je pensais avant d’aller me coucher c’était mon fils et quand je me levais c’était mon fils.
Pour tourner la page je me suis débrouillée, comme il n’y avait pas d’aide psychologique, j’ai pris sur moi. On essaie de se maintenir droit."
"Le ciel vous tombe sur la tête, je ne sais pas si j’ai imaginé des choses à ce moment-là. On avait l’impression que c’était la faute du surfeur qui surfait tard. Après le surfeur il y a une connotation un peu de petit gars pas sérieux, capricieux.
Eddy était une bonne personne. Il aimait beaucoup travailler la terre, il faisait attention à son prochain. Il était quasiment fiancé. Nous sommes avec cette famille, et les autres familles des victimes, comme une famille recomposée avec des liens très fort et c’est cela qui m’a permis de tenir.
Eddy croquait la vie, comme s’il savait qu’elle allait être courte."
"J’étais à 20 000 km. Sur le coup des 12 heures, avec le décalage horaire car j’étais en Guyane, je reçois un appel téléphonique de mon ex-mari qui me dit qu’il y a eu un accident, une rencontre avec un requin.
Il me dit c’est fini, il est mort et après j’ai un peu perdu les pédales. Je n’avais plus de repères. Et puis je suis montée en voiture très calme. J’ai foncé dans une agence de voyage, j’ai attendu mon tour et j’ai obtenu un billet pour partir le soir-même.
Je suis montée dans l’avion. J’ai eu peur d’avoir une réaction après donc j’ai prévenu l’hôtesse. Lorsque le plateau repas arrive j’ai commencé à lâcher."
"Eddy quand je m’absentai de La Réunion il était toujours libre pour venir me chercher à La Réunion. Eddy était toujours dispo.
L’image quand j’arrivais en bas aux bagages, il était là, tout le temps. Il avait cette facilité de me prendre dans ses bras."
"J’ai tout pris en pleine figure, le pire, le meilleur. Des témoignages me rappelaient quelque chose. Mais j’étais aussi choquée, outrée, énervée. Cela a été dur car certaines personnes ne se rendent pas compte. J’ai demandé à avoir les photos que le légiste avait fait et quand on voit les chairs de votre proche déchiquetée, ce n’est pas pareil que quand on vous explique.
Le requin est un prédateur alpha. Le requin est arrivé par derrière, quand on n’est pas face à lui on n’a pas de chance.
Concernant la crise, je pense qu’on parle beaucoup mais qu’on n’agit pas vite et quand on prend une décision il y a un cadre."