Face à l’évolution du nombre de cas et l’apparition de nouveaux variants sur le territoire, le préfet de La Réunion, Jacques Billant fait le point sur la situation.
"J’ai souhaité vous parler dès aujourd’hui devant l’accélération de l’épidémie à La Réunion. Cette hausse est forte et incontestable. Notre objectif est triple : ne pas attendre l’accélération.
Nous voulons anticiper encore davantage sur le déclenchement des mesures. Nous devons nous prémunir des hausses de circulation épidémique où les variants ont pris le pas sur la souche originelle.
Il nous fait maintenir la solidarité zonale. Nous devons nous mettre en capacité d’accueillir nos concitoyens dans nos structure hospitalière.
Dans ce souci de transparence qui anime les autorités, j’ai décidé de vous rendre compte des seuils épidémiques des mesures. L’objectif est de permettre à chacun de se situer. En parallèle, nous aurons un point unique chaque mercredi."
"Nous sommes face à une situation qui redevient très préoccupante, à la veille d’un moment de bascule. Nous constatons une augmentation lente mais certaine du nombre de nouveaux cas positifs.
Sur les 7 derniers jours, du 27 janvier au 2 février, nous totalisons 440 nouveau cas, ce qui nous fait passer le taux d’alerte national. Hier nous avons franchi un pic journalier avec 120 nouveaux cas.
Nous sommes face à une hausse du nombre de cas autochtones. Cela n’est pas le fruit du hasard mais celui du non-respect des gestes barrières et du manque de distance physique entre les personnes."
"Plus de 3 personnes sur 10 contaminées sont des anciens cas contacts. Cela nous amène à penser qu’une partie des cas contacts ne s’isole pas suffisamment.
Nous avons des “clusters”. C’est là que l’on voit qu’il n’y a pas eu le respect des gestes barrières. Je veux aussi parler des temps de pause déjeuner où l’on enlève son masque, on ne se lave pas les mains avant et après.
Le test négatif avant le départ que nous allons contrôler n’empêche pas non plus une possibilité de contamination peu de temps après."
"C’est le moment de parler du variant sur le territoire réunionnais. Nous avons procédé à des analyses par séquençage, qui a révélé la présence du variant sud-africain et britannique. Ces variants ont le pouvoir d’être beaucoup plus contaminants.
"Cette situation, justifie qu’on se mobilise dans une logique de prévention, ce qui signifie encore amplifier, renforcer et diversifier la stratégie mise en place, tester, alerter, isoler, vacciner."
- Tester : Port, St-Denis, St-Benoît et St-Louis ont des taux d’incidence élevés. Des campagnes de dépistage seront menées.
Encourager la population et les professionnels de santé à pratiquer les tests TROD qui concernent les personnes ayant des symptômes. Un test rapide en 20 minutes et très fiable et permet le déclenchement de l’isolement immédiat.
- Tracer et alerter : l’assurance maladie va renforcer ses effectifs pour appeler toujours plus vite les personnes contaminées, les personnes contacts et leurs proches. L’ARS va mettre en place un suivi pour les voyageurs qui consiste à appeler chaque voyageur après la septaine pour être sûr qu’ils ont fait leur test. Et appeler aussi les personnes contacts pour vérifier qu’elles ont fait leur test de suivi.
Isolement : depuis le début on peut penser que c’est le maillon faible de la mise en œuvre de notre stratégie. Celui-ci doit se faire rigoureusement. Va introduire un suivi infirmier dans une logique de conseil à personne. Le dispositif a commencé à se mettre en place mais trop peu de personnes acceptent ce suivi (15 % de personnes l’acceptent).
- Vaccination : nous avons le vaccin Pfizer à notre disposition. Ce vaccin est distribué dans le cadre de 8 centres de vaccination. À la date du 2 février, 5 600 personnes se sont fait vacciner, soit 874 résidents en Ehpad (51 % des résidents), 2 663 professionnels de santé, 1 544 personnes âgées et 517 personnes hautement vulnérables.
Force est de constater que nos centres ne sont pas encore pleins.
Compte tenu des doses dont nous disposons, notre objectif est de vacciner 22 985 personnes, dont 7 000 auront reçu les deux doses."
"Cette exigence de permettre à tous les élèves d’aller en classe, le tout en sécurité est d’actualité.
Le virus est toujours une menace qui requiert une vigilance renforcée. 20 cas du 25 au 29 janvier. Depuis le 1er février une classe est isolée. Ils sont maintenus à domicile jusqu’à vendredi.
26 élèves et 6 agents sont signalés Covid + ."
- Dès le 8 février, le port d’un masque sera obligatoire pour tous les élèves du CP au CM2, dans les espaces clos, extérieurs et aux abords des établissements scolaires.
Les élèves de maternelle ne portent pas le masque.
Les activités incompatibles (sport, repas), une attention particulière est amenée pour éviter le brassage.
Seuls les masques chirurgicaux ou grand public de catégorie 1 sont recommandés.
- Fermeture de classe : dès l’apparition de 3 cas covid+ l’ARS procède à l’isolement de tous les élèves et des cas contacts dits à risque.
Elèves de maternelle : l’apparition d’un cas confirmé impliquera que l’ensemble des élèves soient identifiées comme à risque et cas contact.
Dans la circonstance où trois élèves seront positifs alors les enseignants seront dits comme cas contacts.
Si un cas de variant est détecté, la classe sera isolée.
S’il s’agit d’une suspicion de variant, la décision de fermeture sera décidée entre l’ARS, le rectorat et les enseignants.
- Renforcement des règles qui concerne la restauration scolaire. Désormais la distanciation de 2 mètres entre deux groupes est requise et l’aération est renforcée afin de limiter le brassage entre groupe d’élèves.
Les élèves d’un même groupe doivent déjeuner ensemble et dans la mesure du possible, toujours à la même table. Des adaptations locales pourront être trouvées. Une solution peut être aussi d’installé une séparation matérialisée entre les classes. Notre objectif est de permettre aux élèves d’avoir accès à une restauration de qualité.
"Ces règles de distanciation nous amènent à adapter les activités dans les établissements. Les JPO et forum se dérouleront sous forme de vidéo. Les réunions parents-professeurs se fera sous forme de rendez-vous. Les sorties scolaires sont autorisées dans le strict respect des règles sanitaires.
Nous disposons de 19 200 tests antigéniques et de personnels formés pour réaliser des tests de dépistage dans les écoles.
Je tiens à rassurer les parents, les études scientifiques ont montré que le port du masque n’a pas de risque avéré sur la santé des enfants. Je rappelle que le CE s’est prononcé à deux reprises sur cette question en rejetant les recours contre le port du masque mené par certains collectifs.
C’est des contraintes, mais des contraintes nécessaires."
"Au-delà de la prolongation des mesures socles (port du masque, interdiction des pique-nique), j’ai décidé de mettre en place des mesures qui entreront en vigueur samedi matin."
- La mise en place de nouvelles jauges dans les commerces : 8m2 par personne et 10 m2.
- Dans les lieux de culte la distanciation sociale sera portée à deux mètres.
- Les salles de jeux et casino devront fermer à 00h30 et appliquer le protocole applicable aux restaurants.
- Les colonies ne pourront plus prévoir de séjour avec hébergement.
- Les danses du lion seront autorisées que si elles respectent les mesures. Il ne pourra y avoir des processions dans l’espace public.
Ces mesures s’appliquent dès samedi et il y aura des contrôles.
- Dès lors que le franchissement du seuil d’alerte sera confirmé, se posera la question de la fermeture des centres commerciaux de plus de 20 000 m2.
- L’option d’un couvre-feu dès 22 heures sera mise sur la table dès lors que le taux d’incidence sera dépassé. Ce couvre-feu pourra être territorialisé.
- Si la hausse se maintien et la tension monte dans les hôpitaux, le couvre-feu sera abaissé à 18 heures.
- Si franchit la barre des 150 pour 100 000 nous réunion un comité de crise pour évoquer un possible confinement.
- L’aéroport est aujourd’hui sécurisé.
Il faut aussi regarder les faits, 85 % sont des cas autochtones et s’expliquent par le fait que les Réunionnais n’ont pas respecté les gestes barrières. C’est dans ces espaces que se glisse le virus. Le civisme des Réunionnais nous a permis d’éviter le 2e confinement. Ce priviliège, il nous faut le protéger ensemble pour pouvoir le conserver. Le temps est long mais c’est ce civisme qu’il nous faut retrouver aujourd’hui.