Jacques Billant, préfet de la Réunion, s’est adressé à la population pour évoquer la crise sanitaire.
Lors de sa prise de parole, pas de grosses annonces concernant la crise sanitaire à La Réunion mais des mesures pour éveiller les consciences.
Son allocution à suivre en direct sur Antenne Réunion
"Pour la première fois depuis le début de l’épidémie de Covid-19, j’ai décidé de vous exprimer solennellement, ouvertement toute mon inquiétude pour La Réunion.
Alors que la métropole connait une deuxième vague épidémique sans précèdent, La Réunion voit désormais ses indicateurs approcher de la zone de danger. Nous avions décidé avec la Directrice générale de l’agence régionale de santé que si le taux d’incidence de l’île se fixait durablement au-dessus des 150 pour 100 000 habitants, je prononcerai le couvre-feu et que si le taux d’incidence dépassait les 200 pour 100 000 habitants, je déciderai du confinement."
"Or, précisément, le taux d’incidence connaît une évolution à la hausse depuis ces derniers jours ; il est actuellement de 77 pour 100 000 habitants.
Le taux de positivité est de 4.5% et le taux d’occupation des lits de réanimation par des patients COVID est maintenant de 23 % : le seuil d’alerte du couvre-feu est proche."
"Je partage d’abord le chagrin et le deuil des familles touchées par la Covid. Je partage l’inquiétude de la communauté médicale, des soignants et des élus de proximité.
Mais je partage aussi la crainte de nos entreprises, la détresse des acteurs de l’évènementiel, de la culture et du monde sportif.
Nous devons dans cette course contre le virus conserver nos efforts, être endurants. Or, force est de constater que l’effort n’est pas collectif, que la prise de conscience n’est pas unanime face à la menace qui arrive.
Je condamne les comportements inciviques, les personnes qui défient l’épidémie et mettent en danger les autres en se refusant à l’effort du masque.
Je condamne les personnes qui ne respectent pas l’interdiction des rassemblements limités à 6 personnes et sont bien souvent à l’origine de clusters.
Je condamne l’insouciance car elles font prendre des risques démesurés à notre système hospitalier, à nos soignants.
Je condamne les établissements recevant du public qui ne jouent pas le jeu. Le résultat des contrôles de ce weekend sont tristement édifiants : ce sont seulement 50% des structures qui respectent les protocoles. Il est inacceptable que notre vie sociale, que le lien avec nos anciens, que notre vie économique, que nos entrepreneurs aient à payer le prix de ces comportements irresponsables.
J’ai constaté que malgré mes rappels à la vigilance et au civisme, que malgré les contrôles et les verbalisations qui augmentent, ces comportements perdurent. Je l’ai constaté et le Ministre des Outre-mer aussi hier l’a constaté quand nous traversions l’île.
C’est inadmissible. Cela doit changer. Je ne veux pas avoir à sanctionner ceux qui font bien, parce que certains font mal. Je n’abandonnerai pas sans lutter, pour cette île, pour sa population, pour son économie. J’ai donc décidé en concertation avec les maires d’une stratégie de riposte graduée."
"Premièrement, nous avons vu que plus nous anticipions les mesures, plus elles sont efficaces. Je vais donc territorialiser notre action et le couvre-feu pourra être prononcé à l’échelon communal.
Nous avons échangé hier avec le Maire de Saint-André : si le taux d’incidence se maintient au-delà des 150 pour 100 000 mardi prochain, je prononcerai un couvre-feu à 20h00 sur la commune."
"Deuxièmement, je demande solennellement aux professionnels de se reprendre en main. Dans deux secteurs notamment, les résultats des contrôles des bars et des restaurants sont très mauvais : il n’y a pas de secret, il s’agit de Saint-Gilles et du front de mer de Saint-Pierre.
Si cela ne change pas, si la barre n’est pas redressée ce weekend, si les protocoles ne sont pas respectés, je fermerai sur ces secteurs les bars et restaurants à 21h00. Parallèlement, les sanctions administratives seront renforcées sur toute l’ile : les fermetures des établissements en infraction seront désormais prononcées pour 20 jours et pour un mois en cas de récidive."
"Troisièmement, le port du masque sera à partir de demain obligatoire sur la voie publique partout. Dès que vous sortez de chez vous, dès qu’il y a un trottoir, du bitume, vous devez porter le masque. Sinon, vous serez verbalisé."
"Quatrièmement, les pique-niques seront interdits dès ce week-end car je vous le rappelle les rassemblements familiaux ou amicaux non cadrés sont propices aux chaines de contamination.
Nous voyons trop souvent des tablées de plus 6 personnes, des rassemblements qui n’ont pas lieu d’être compte tenu de la réalité sanitaire.
Les forces de l’ordre seront sur le terrain pour faire respecter ces mesures de protection, qui doivent nous permettre coûte que coûte d’infléchir la courbe épidémique."
"Le leitmotiv depuis le début de la crise reste le même Nou’Batay’Ansamb et je sais pouvoir compter sur la remobilisation de chacun et l’engagement des réunionnais pour convaincre les réfractaires à adopter ces gestes simples qui protègent dans l’espace public comme dans la sphère privée.
Ces gestes qui nous permettent pour l’heure encore de voir nos proches, de circuler, de profiter de ce beau territoire.
Nou’ batay’ Ansamb contre la Covid. Restons vigilants et mobilisés !"
Coronavirus : Ce qu’il faut retenir de la prise de parole du Premier ministre
Ehpad de St-Joseph : 2 résidents et 1 soignant positif au Covid-19
Covid-19 : Dix gendarmes venus en renfort de l’Hexagone testés positifs