Hier, Jacques Billant a annoncé aux maires la mise en place d’un couvre-feu de 22 heures à 5 heures du matin. Les élus réagissent à cette prise de décision.
Réveillon du Nouvel An : couvre-feu en deux étapes de 22h00 à 5h00
"C’est lors de la réunion hebdomadaire qui s’est tenue le mercredi 30 décembre à 15h que les maires de La Réunion ont été informés de la décision du Préfet d’instaurer un couvre-feu en deux étapes sur notre île pour la soirée de la Saint-Sylvestre.
Cette décision découle du Conseil de défense qui s’est tenu à Paris mardi. Elle fait suite à un échange entre le Ministère des Outre-mer et le Préfet, représentant de l’État à La Réunion.
Lors de cette séance, nous avons informé le Préfet que la première étape du confinement, de 22h à 1h du matin, n’avait pas lieu d’être et serait incomprise par la population réunionnaise. Notre proposition de retenir la deuxième étape, c’est-à-dire un couvre-feu de 1h à 5h a du sens, afin de permettre aux personnes qui ont décidé de réveillonner dans les restaurants ou encore à leur domicile de le faire en toute sérénité, comme il avait été convenu lors de nos réunions précédentes.
Aussi, j’invite les Réunionnais à faire acte de bon sens et de profiter de la soirée comme ils avaient prévu, de le faire conformément aux consignes de respect des gestes barrières (distanciation sociale, port du masque, 6 par table) et de rentrer au plus tard à 1h du matin. Bon réveillon de la Saint-Sylvestre à vous toutes et à vous tous et bonne et heureuse année 2021 !"
"Il y a à peine quelques heures, le préfet de la Réunion a annoncé brutalement, via la presse, la mise place d’un couvre-feu pour le réveillon de la Saint-Sylvestre à La Réunion.
En ma qualité de représentant de la Nation pour mes concitoyens réunionnais, je tiens à émettre les plus vives critiques à l’encontre de cette mesure liberticide mise en place de manière cavalière et sans aucune concertation notamment avec les élus de la Réunion, et à faire part de mon plus vif mécontentement.
Selon les médias, il s’agirait d’imposer aux réunionnais dans un premier temps un laisser-passer restrictif qui s’appliquerait dans la nuit du 31 décembre 2020 à 22 heures au 1 er janvier 2021 à 1 heure, puis dans un second temps, le 1 er janvier 2021, de 1 heure à 5 heures, toute circulation serait interdite.
J’emploie le conditionnel car cet effet d’annonce insupportable dans un État de droit comme la France a, à mon sens, qu’un objectif : inspirer la peur et faire échec aux droits fondamentaux des citoyens pour les raisons suivantes : Tout d’abord, après concertation avec mes Avocats, Maître Max LEBRETON et Maître Alex VARDIN, il s’avère qu’en l’état, nous serons dans l’impossibilité la plus totale de contester l’arrêté à intervenir du préfet. Celui-ci nous met dans une impasse juridique. Ce qui est extrêmement indigne d’un État démocratique.
En effet, celui qui représente l’État, et donc le Droit dans le Département de La Réunion, nous interdit d’accéder au juge, en temps et en heure, afin de contester la légalité de ce couvre-feu imposé à la dernière minute.
Dans le meilleur des cas, dès la publication de l’arrêté de couvre-feu, le Code de justice administrative nous permettrait de saisir le juge administratif par la procédure dite de référé-liberté afin d’obtenir du juge des référés « toutes mesures nécessaires » à la sauvegarde une liberté fondamentale à laquelle l’administration aurait porté atteinte de manière grave et manifestement illégale. Or, dans ce cas, le juge se prononcerait en principe dans un délai de 48 heures. Il serait donc impossible de faire échec légalement à cet arrêté anti-démocratique.
Ensuite, et c’est ce qui est plus grave, cette façon de procéder, par effet d’annonce médiatique où les médias remplacent le Journal Officiel, nous ne pouvons pas accéder au juge, garantie fondamentale protégée par l’article 6 de Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales.
En tant que Député de La République française je ne peux tolérer une telle atteinte aux droits et libertés fondamentaux du citoyen.
De plus, au-delà de cette mesure digne d’un État autoritaire, Quid des répercussions économiques pour les entreprises ? Beaucoup de restaurateurs ont vu multiplier, en quelques heures, les annulations de dernière minute du fait de l’annonce du cet arrêté anti-démocratique. Une véritable catastrophe économique en ces temps difficiles.
L’heure est grave.
Une telle mesure attentoire à la liberté est totalement disproportionnée par rapport au but recherché. Il n’est pas sérieux de penser que de telles interdictions sont nécessaires et indispensables compte tenu du contexte épidémiologique local. Les derniers chiffres publiés précisent qu’une trentaine de personnes – à qui je souhaite un prompt rétablissement – ont été infectés par le coronavirus, soit environ 0,004 % de la population.
Je suis immensément scandalisé par les mesures liberticides prises par le préfet dans une précipitation calculée et irrespectueuse des Droits et libertés de mes concitoyens.
J’appelle à la responsabilité du préfet. Si un tel arrêté dit de couvre-feu venait à être publié, ce serait un véritable désastre avec des conséquences irréversibles. »
"Je suis assez remontée, il y a assez de consignes qui entravent la liberté, c’est une entrave de trop.
Ce n’est pas les mêmes conditions qu’en France hexagonale."
"Un couvre-feu pour demain soir, pourquoi maintenant. C’est un peu tardif.
Les différents objectifs c’est de contrôler et qu’il n’y ait pas de rassemblements sur la voie publique et pas trop de circulation sur les routes. Le but est aussi de limiter le risque de délinquance et essayer de faire en sorte que les choses soient le plus calme possible."