Après ses propos méprisants accusant les entreprises du BTP d’être défaitistes et de profiter du chômage partiel, la ministre du Travail persiste et signe ce weekend en invitant les acteurs à reprendre les chantiers, nécessaires à l’activité économique du pays, au mépris des cris d’alerte des professionnels, qui réclament, aujourd’hui, des mesures de confinement plus strictes.
"Le BTP serait-il devenu indispensable à la continuité de la vie de la Nation depuis cette semaine ?
Faire passer l’intérêt économique avant celui de la santé de nos concitoyens et plus particulièrement des salariés du BTP est tout simplement inacceptable… et à l’encontre du propos du Président de la République lors de son allocution du 12 mars 2020, qui donnait la priorité à la santé des français.
Comment l’OPPBTP, qui il y a une semaine, préconisait l’arrêt des chantiers, pourrait demain préconiser la reprise des chantiers alors que la pénurie des équipements de prévention est plus que jamais à l’ordre du jour ….( sachant que le BTP est le plus gros consommateur de masque ) !
Manque de masques de protection et de gel hydroalcoolique ponctue les interventions des professionnels dont l’activité est indispensable à la continuité de la vie de la Nation dans l’Hexagone comme à la Réunion.
Chacun se débrouille comme il peut pour continuer à être au rendez-vous.
Et le ministre de la Santé ose dire que le port de masque ou gants n’est pas nécessaire, sauf pour les soignants … la contamination de ceux qui, aujourd’hui, sont au travail pour permettre la continuité de la vie la Nation est-elle le prix à payer ?
Que l’Etat prenne ses responsabilités et ne sacrifie pas ceux qui se dévouent pour la population réunionnaise en les équipant de manière adaptée pour faire face au virus qui se répand déjà rapidement dans l’Ile !
L’Etat, en exigeant la reprise du BTP, marche sur la tête et ses discours sont, pour le moins, incompréhensibles.
Nous sommes dans une île, à 10 000 kms de l’Hexagone et nous ne pourrons pas bénéficier comme nos compatriotes Corse du dispositif de prise en charge hexagonal car nous sommes trop loin et que nous ne pouvons compter que sur nos forces locales.
C’est ce qu’exprimait le directeur de la Santé en exhortant, ce weekend, les ultramarins qui rentraient dans leur territoire à respecter une quatorzaine stricte car les territoires ultramarins ne pourront pas prendre en charge tout le monde si le virus se propage.
Et aujourd’hui, nous sommes très loin des mesures de confinement adoptées lors du retour de nos compatriotes en provenance de Chine en début d’année avec des voyageurs à l’arrivée dans l’île, qui signent une déclaration sur l’honneur pour s’engager à respecter une quatorzaine stricte. Qui va la faire respecter ? Comment vont-ils remplir leurs réfrigérateurs ?
Nos soignants ne cessent de nous répéter que la seule mesure efficace est le confinement strict, allant bien au-delà des gestes barrière.
Et il faut leur rendre hommage, car ils font face avec détermination malgré les moyens limités dont ils disposent, se dévouent à notre service alors que l’hôpital est dans une situation catastrophique depuis longtemps. Leur dévouement en est d’autant plus à saluer.
Saisi par des collectifs de médecins, le Conseil d’Etat a, ce weekend, enjoint le gouvernement à aller au-delà des mesures de confinement actuelles.
« Pas de pique-nique partage, pas de plage, pas de randonnées ce weekend » nous disiez-vous, Monsieur le Préfet vendredi dernier.
« Le virus ne circule pas, ce sont les personnes qui le font circuler », « Restez chez vous. Rest zot kaz. », tels sont les propos que tiennent les représentants de l’Etat aujourd’hui, dont vous faites partie Monsieur le Préfet.
« Nous sommes en guerre », tel était le propos du président de la République lors de son allocution du 12 mars 2020.
Et vous voulez que les travailleurs du BTP reprennent le travail alors que tout le monde sait combien il est compliqué sur un chantier où il y a une multitude de tâches à réaliser, souvent à plusieurs, pour les travailleurs de respecter les gestes barrière … et surtout avec la pénurie d’équipements de protection ! sans parler de la totale absence de concertation avec les organisations syndicales !
Beaucoup de nos camarades aujourd’hui partent au travail avec la peur, le stress sans aucune protection, c’est un vrais sentiment de laisser pour compte qu’ils vivent aujourd’hui, alors que les syndicats patronaux attendent les mesures de prévention de l’OPPBTP !
Ce serait tout simplement irresponsable que de mettre en danger non seulement la santé des travailleurs du BTP, mais également celle de leurs familles, des travailleurs des commerces, des soignants et leurs famille.
Et il est tout aussi irresponsable de continuer à faire travailler des salariés et des professionnels de santé sans dispositif de protection, dispositifs gérés par l’ARS qui les distribue au compte-goutte sans transparence. Salariés qui ne sont nullement responsable de cette pandémie … et en subissent les conséquences.
L’heure est grave : il faut protéger la santé de la population, sans oublier celle des soignants et de ceux qui permettent la continuité de la vie de la Nation en se dévouant au service de la population réunionnaise.
Nous sommes tous conscients des enjeux économiques de cette crise sans précédent … mais les intérêts économiques sont-ils si contradictoires que cela avec les intérêts de santé publique dans notre île ?
Nous avons la chance d’avoir une barrière naturelle qui peut nous protéger si en parallèle vous osez nous donner les moyens de gagner cette guerre déclarée par le Président de la République : il s’agit d’adopter une attitude responsable et courageuse en confinant plus strictement la population et en mettant à l’arrêt l’île afin de profiter du peu de temps qu’il nous reste pour endiguer la propagation du virus afin de pouvoir redémarrer plus rapidement .
En protégeant la population réunionnaise, vous permettrez, par des décisions courageuses et responsables que l’économie redémarre plus rapidement que si l’épidémie se propage et fait de nombreux ravages sur une population où la proportion de personnes fragiles est plus importante que dans l’Hexagone.
Aussi il faut trouver des solutions rapides pour assurer le salaire des salariés des petites et moyennes entreprises. Aujourd’hui comme je viens de le lire, le président de la CAPEB dit que des entreprises ne pourront pas payer les salaires à la fin du mois : une situation dramatique pour les travailleurs ! quelles mesures ?
NE SORS PAS VOIR TA FAMILLE !
NE SORS PAS VOIR TES AMIS
MAIS VA AU TRAVAIL POUR ALLER CREVE : OU VA-T-ON ?"