Ce lundi 29 juin, le président de la République reçoit à l’Elysée les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat.
Après neuf mois de travaux public et six sessions plénières au Conseil économique, social et environnemental (Cese), les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat sont reçus par Emmanuel Macron.
"Je veux que toutes vos propositions soient mises en oeuvre au plus vite à l’exception de trois d’entre elles.
Celles qui relèvent du champ réglementaire seront abordées d’ici fin juillet lors d’un conseil de défense écologique. D’autres seront impliquées dans un plan de relance qui sera soumis au Parlement dès la fin de l’été. Un projet de loi spécifique sera présenté à la fin de l’été, et intégrera l’ensemble des mesures qui relèvent du champ législatif."
"Vous dites : aucun accord commercial avec des États qui ne respecteraient pas l’accord de Paris. Je partage votre position. C’est pour cela que j’ai stoppé net les négociations sur le Mercosur.
Les derniers rapports me confortent sur cette décision. Sur le Ceta, je n’ai aucun tabou. Je serai le premier à proposer qu’on l’abandonne" s’il ne respecte pas l’accord de Paris, indique le président de la République.
"Il y a quatre principes que je partage et qui sont les piliers de votre projet. Le premier, c’est placer l’écologie au cœur de modèle économique. Nous devons remettre l’ambition écologique au cœur du modèle productif.
Chercher à produire différemment, à transformer nos capacités. C’est un changement profond de philosophie", indique Emmanuel Macron. De plus, "vous ne proposez pas de ne plus produire. Ce ne serait pas une réponse au défi qui est le nôtre. Si nous produisons moins, nous ne pourrons plus financer notre modèle social."
E.Macron débloque 15 milliards d’euros supplémentaires pour l’écologie.
"L’État prendra toute sa part. Dès le plan de relance, 15 milliards d’euros supplémentaires sur deux ans seront injectés dans la conversion écologique de notre économie."
Le président de la République refuse la proposition de taxer les dividendes.
"Le secteur privé a aussi un rôle à jouer. Je suis en désaccord avec la taxe de 4% sur les dividendes que vous proposez. Mettre sur tous les investissements une taxe, c’est réduire notre chance d’attirer des investissements supplémentaires. Nous sommes déjà un pays très fiscalisé, l’accroître n’est pas la bonne manière", indique Emmanuel Macron.
"Le second principe, c’est la justice sociale. La transportation écologique n’est possible que si elle est en même temps une transformation sociale et solidaire", indique le chef de l’Etat.
"Sur ce sujet, je souhaite que toutes vos propositions soient reprises : chèques alimentaires pour permettre aux plus modestes d’acheter des produits de qualité, aides renforcées pour que les plus modestes achètent des véhicules propres, interdire les passoires thermiques..."
"Vous n’êtes pas revenus sur la taxe carbone. La fixation d’un vrai prix du carbone est l’un des moyens les plus puissants pour réussir. La priorité des prochains mois est d’avoir une taxe carbone européenne", annonce Emmanuel Macron.
"C’est une clé si nous voulons rehausser nos objectifs 2030 et avoir une trajectoire crédible. Dans les prochaines années, il faudra réfléchir à une transformation profonde de notre fiscalité pour intégrer une juste tarification du carbone, mais qui suppose de réformer les autres impôts pour rendre cette taxation juste."
"Il faut reporter le débat sur les 110 km/h", annonce Emmanuel Macron. "Je formule cette proposition en spécialiste. J’ai présenté beaucoup de grands plans qui ont parfois été résumés à une seule mesure ou une petite phrase. Il serait profondément injuste que votre travail soit résumé à cette proposition."
"Je comprends l’objectif" de cette mesure, "mais pour que cela marche, il ne faut pas stigmatiser les gens, ni les diviser. Il faut réussir à les embarquer. Si nous faisons cela, nos concitoyens qui sont dans les territoires les plus enclavés vont dire que c’est un projet urbain. Ce n’est pas la réponse que vous voulez apporter. Il faut faire mâturer le débat. Je propose donc de repousser ce débat."
"Le quatrième principe est la responsabilisation de chacun. L’Etat et les collectivités locales doivent agir avec le courage de bousculer le système. Mais seuls, ils ne peuvent rien. Je crois beaucoup à toutes les mesures de formation et d’éducation que vous proposez", indique le chef de l’Etat. "Je crois à une vraie responsabilité sociale et environnementale de nos entreprises."
"Vous proposez d’éviter de nouvelles constructions qui mordent sur la nature quand des réhabilitations sont possibles. Engageons-nous, allons-y. Vous préconisez d’installer un moratoire les nouvelles zones commerciales en périphérie des villes, allons-y, agissons", annonce Emmanuel Macron.
"Vous proposez la réécriture de l’article Ier de notre constitution, et d’introduire les notions de biodiversité, d’environnement, de lutte contre le réchauffement climatique dans notre texte fondamental. Je suis favorable à cette proposition", indique le chef de l’Etat.
"Je veux que nous puissions engager, d’abord à l’Assemblée nationale et au Sénat, sur la base de votre proposition, un texte en vue d’une réforme constitutionnelle. Je souhaite la voir aboutir d’ici fin 2021. Je suis prêt à recourir au référendum si celui-ci est constitutionnellement possible après le vote des Chambres."
"Sur le crime d’écocide, je pense que c’est une notion extrêmement structurante pour la protection des écosystèmes et la défense de la biodiversité. Je partage pleinement l’ambition que vous défendez. Il faut faire en sorte d’inscrire ce terme dans le droit international."
"Je porterai ce combat au nom de la France dans les instances. Sur le plan français, je souhaite que nous puissions l’inscrire dans notre droit."
"Je souhaite laisser ouverte la possibilité de conduire dès 2021 un référendum sur un ou plusieurs textes de loi reprenant vos propositions", annonce Emmanuel Macron.
"Sur l’ensemble de vos propositions, vous avez souhaité qu’elles passent par le Parlement. Mais si les choses ne devaient pas avancer assez vite, je souhaite laisser ouverte la possibilité en 2021 de procéder à un référendum."