Le pass sanitaire sera étendu dans tous les établissements recevant du public au mois d’août. Les syndicats des policiers ne souhaitent pas à devoir endosser “une fois de plus le mauvais rôle”, en procédant aux contrôles.
Le 12 juillet dernier, dans sonallocution, le président Macron a annoncé des mesures fortes pour éviter l’émergence d’une quatrième vague de Covid-19. Avec l’arrivée du variant Delta, les contaminations repartent à la hausse. Avec 8875 nouveaux cas détectés ce 14 juillet contre 3775 le 11 juillet, la menace est prise au sérieux. Notre île n’est pas épargnée non plus, comme le prouve les derniers chiffres du bilan épidémiologique de cette semaine.
Parmi ses annonces figure l’élargissement dun pass sanitaire. Pour l’instant, il est obligatoire pour les lieux accueillant plus de 1000 personnes ou les discothèques ouvertes en métropole. Le pass sanitaire prouve le schéma vaccinal ou un test PCR négatif de moins de 48 heures. À partir du 21 juillet le pass sanitaire sera d’application pour se rendre dans une salle de sport, au cinéma ou aux musées, avant d’être élargi au mois d’août aux bars, aux restaurants ou encore les centres commerciaux.
Les établissements recevant du public devront contrôler de la validité du pass sanitaire. De plus, en cas d’absence de contrôle, les entreprises s’exposent à une amende de 45 000 € et une peine de prison d’un an. En cas de récidive, la fermeture administrative pourra être prononcée.
L’instauration de nouveaux contrôles est mal accuillie par les organisations syndicales policières qui montent au créneau. "En termes d’effectifs, on n’aura pas les moyens d’assumer ces missions. En temps normal, les policiers sont sollicités au quotidien et à flux tendu. Si des missions de contrôles des établissements recevant du public viennent s’ajouter à cela, ce n’est pas possible. Avec le nombre d’établissements qu’il y a sur notre département, on n’aura pas les moyens humains de le faire", précise Stéphane Lebreton, secrétaire départemental adjoint du syndicat Unité SGP Police FO.
Un avis partagé par le syndicat Alliance qui dénonce un manque de moyens avant même ce projet de loi relatif à l’extension du pass sanitaire qui sera présenté en Conseil des ministres le 19 juillet.
"On vient nous ajouter une tâche supplémentaire sans savoir potentiellement si on a les moyens humains et matériels de le faire. Rien que hier soir, sur Saint-André, il n’y avait pas d’équipage de police de secours. Si on ne peut même pas remplir cette mission d’assistance à la population, comment voulez-vous que les policiers aillent contrôler les chefs d’établissements et ce fameux pass sanitaire, avance Cédric Boyer, le délégué national Outre-Mer pour Alliance Police Nationale. En haut, ils ont une grande idée géniale. Ils délèguent aux administrations en dessous et ne cherchent pas à comprendre. Il faut que ça se fasse. Il y a la théorie et la pratique".
Les syndicats, en plus du manque de moyens, ne veulent pas être à nouveau confrontés à une population déjà en colère. "Il est hors de question qu’on nous oppose une fois de plus à la population. Nous sommes là pour servir la population. On voit déjà qu’il y a une grosse fracture au sein de la population au niveau national. Il est hors de question qu’on soit les arbitres de cette situation. On nous donne le mauvais rôle", précise Stéphane Lebreton.
Les organisations syndicales se rejoignent sur ces nouvelles missions et estiment qu’elles sont du ressort des contrôleurs administratifs. Cédric Boyer rappelle que la profession "a déjà beaucoup souffert depuis le début de la crise". "On va encore nous demander d’avoir le mauvais rôle. Il y a la réalité du terrain qui est toute autre, précise Cédric Boyer. Ce n’est pas à la police de faire ces contrôles".